Laissez parler les petits papiers !

Laissez parler les petits papiers !

Durement touchées durant le confinement, les librairies ont rouvert leurs portes. Certaines ont tenté tant bien que mal de maintenir un semblant d’activité durant cette période, comme Les Ateliers Illustrés à Nice qui proposent de nombreuses animations à destination des plus jeunes. À l’aube de sa réouverture le 15 mai, nous avons rencontré Camille Chrétien, qui a imaginé ce lieu singulier.

« La lumière est dans le livre »
Victor Hugo

Chapitre 1 : Camille au pays des merveilles

Petite-fille d’imprimeur, Camille a toujours été fascinée par l’univers du papier. Les puissantes machines qui le fabriquent et le font naître, l’odeur suave si caractéristique, la douceur sensuelle du toucher, le bruit discret des pages que l’on tourne, la surprise des dessins qui jaillissent… Tous les sens en éveil ! Comme le dit si bien Camille : « le papier m’emballe ! »

Chapitre 2 : Le choix de Camille

Camille aurait pu rester brocanteuse, ou devenir décoratrice d’intérieur, s’orienter vers le cinéma ou l’enseignement… En tombant amoureuse d’un ébéniste d’art, et en reprenant ses études, elle a choisi de tout épouser.  Elle a ainsi organisé sa vie autour de l’objet culturel par excellence, celui qui relie le mieux toutes les générations : le livre. « Mais pas n’importe quel livre », précise Camille, « le livre pour enfant, pour leur donner le goût de la lecture, des images et du bel objet, du ″faire ensemble″, d’exprimer leur imaginaire, de les faire grandir autour des mots et des images ».

Chapitre 3 : Raison et sentiments

Forte d’une licence Cinéma et audiovisuel, puis d’un Master 2 pour intervenant en milieu éducatif, Camille se nourrit de belles rencontres avec des spécialistes du livre et de la transmission, mais aussi avec son premier public, intergénérationnel, enfants, parents, grands-parents, grands-frères, grandes-sœurs… En école, en bibliothèques… Camille ne s’arrête pas en si bon chemin. « Après avoir gagné un prix lors d’un appel à projets », raconte-t-elle, « l’idée m’est venue de créer un nouvel espace d’échanges, de monter une association, autour du livre pour les enfants, et de l’art bien entendu ».

Chapitre 4 : La promesse de l’aube

On appelle cela de la suite dans les idées ! Ainsi est née l’association Les Ateliers illustrés. Soit à présent une charmante librairie de 35 m2 , ayant appartenue à un antiquaire, décorée avec grand goût, et proposant environ 1 500 références, pour les enfants de 0 à 10 ans, dans la même tonalité : des albums de qualité, des romans imagés, d’auteurs reconnus ou à reconnaître, de grandes ou petites maisons d’édition.  Et dans différentes langues : anglais, italien, allemand, grec… Et bientôt en Niçois ! « De beaux livres comme de beaux meubles, qui font plaisir et se transmettent », indique Camille, « qui stimulent l’imagination. » Mais pas seulement…

Chapitre 5 : Le meilleur des mondes

Car, comme son nom l’indique, Les Ateliers illustrés proposent depuis toujours des animations autour du papier, au cœur de sa librairie, ou dans l’espace qui la jouxte : du pop-up, du papier découpé, de l’écriture, des rencontres avec des artistes-conteurs, auteurs… ou encore l’occasion de fêter un anniversaire dans un lieu unique. Soit environ 200 ateliers par an ! La librairie présente aussi des tirages photo, des créations et objets insolites à petits prix. « Le lieu voisin de la librairie est un espace partagé », rajoute Camille, « avec d’autres intervenantes en lien avec la culture et les pratiques de détente. Je suis un vrai commerce de proximité ».

Chapitre 6 : L’île au trésor

Situés près du port de Nice, ces Ateliers illustrés sont à l’image d’une île, qui inspire et donne envie à tous d’y accoster : les enfants et leurs proches, mais aussi de nombreux partenaires comme le MAMAC, le TNN, ou encore la médiathèque de Mouans-Sartoux, qui rejoignent Camille dans ses plages : « Favoriser le lien entre les personnes, s’enrichir grâce au livre, dans un lieu dédié, faire venir les enfants de quartiers défavorisés qui n’ont pas accès au livre ou n’osent pas, ou des enfants avec handicap, que chacun connaisse le bonheur de repartir avec un livre à soi… ».
Camille n’est pas la seule à penser que l’enfant va vers la qualité quand on la lui propose. Que les vendeurs de livres de masse tuent la créativité, ne donnent aucune visibilité aux maisons d’édition indépendantes qui regorgent pourtant d’inventivité, et coincent les auteurs entre deux rayons alimentaires sans favoriser pour un clou la rencontre et l’humain…

Chapitre 7 : Une histoire sans fin

Pour que certaines fictions rejoignent la réalité, il faut bien sûr des financements publics. Mais en attendant, les (futurs) lecteurs peuvent stimuler leurs neurones engourdis, reprendre le chemin des librairies et se rendre, par exemple, dans le quartier du port de Nice, s’inscrire à un atelier tout en découvrant un livre ? Comme pourrait le dire Camille : « À nous tous d’écrire les prochains chapitres ! »

À suivre…

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