Casse-Noisette en survêt’

Casse-Noisette en survêt’

La chorégraphe espagnole revient présenter, en janvier à Mougins, sa dernière création adaptée de Casse-Noisette, ballet-féerie donné pour la première fois à Saint-Pétersbourg le 18 décembre 1892, sur la célèbre musique de Tchaïkovski… en mode hip-hop !

Née à Grenade en 1964, Blanca Li n’a que 17 ans lorsqu’elle part à New York étudier la danse à l’école de la grande Martha Graham. En plein dans les années 80, la ville est un bouillonnant creuset de tendances incarnées par les écoles d’Alvin Ailey, Paul Sanasardo, le Clark Center. Les danses urbaines commencent à se répandre sur les trottoirs de la ville. Vivant dans le Spanish Harlem, Li assiste à l’émergence d’un mouvement hip-hop mis en musique par d’énormes ghetto-blasters cracheurs de sons tonitruants. Revenue à Paris, avec la Cie Calentito, elle mixe allègrement les genres chorégraphiques qu’elle a absorbés en y ajoutant sa touche humoristique, et depuis, ne cesse de récolter de nombreux prix saluant l’éclectisme vivifiant de son travail décalé.

Pour ce Casse-Noisette version hip-hop, créée à l’occasion du 30e festival Suresnes Cités Danses 2022, la chorégraphe a voulu 8 danseurs tous espagnols, car elle voit de nombreuses connivences entre la fiévreuse exubérance de sa culture hispanique, et une culture russe au romantisme exalté. Avant elle, de grandes pointures du monde de la danse — Balanchine, Noureev, Duato, Béjart, Kudelka — s’étaient emparées du mythique ballet mais, cette fois, Blanca Li désenclave le célèbre conte de Noël de son classicisme « old school » pour le propulser dans nos vies ultra-modernes. Exit l’histoire de Clara, enfant à qui son oncle offre un casse-noisette en forme de petit soldat, et bonjour les robots… Clara a grandi. Entre pas de danse et figures acrobatiques haletantes exécutées baskets aux pieds, Clara reçoit ses joyeux potes en survêts à capuche pour l’aider à préparer la fiesta du réveillon de Noël. Insérée par fragments dans une sorte de patchwork musical où des morceaux de funk, soul, salsa, rap mis en espace par Tao Gutierrez éclatent comme des taches de couleur, la partition de Tchaïkovski en est la trame maîtresse, et fait entendre son inaltérable beauté à travers les airs célèbres de La Danse chinoise ou La Valse des fleurs. Blanca Li, elle, fait valser les codes.

9 jan 20h30, Scène55, Mougins. Rens: scene55.fr

photo © Dan Aucante

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