
03 Mar Les pionnières de l’astronomie
Grâce à qui Neil Armstrong a-t-il pu marcher sur la lune ? Qui a-t-on appelé la « mère du Hubble » ? Qui a mis en évidence l’existence de la matière noire ? Voici un exemple de questions qui vous seront posées lors de la visite guidée organisée par l’Observatoire de Nice et qui retrace le parcours de ces astronomes oubliées des manuels d’histoire et de la science en général.
Dans cette exposition temporaire qui se couple avec la visite de l’espace ludique et interactif, Universarium et de la grande coupole, 25 portraits de scientifiques dont 6 hommes sont mis en lumière et regroupés en 5 ilots : les grands principes ; les étoiles ; l’observation, l’expérimentation et la diffusion ; les petits corps et la conquête spatiale. Une double lecture s’impose au public, celle de l’histoire de l’astronomie et celle des femmes effacées et négligées dans l’histoire de l’Humanité.
Olga Suarez, doctoresse en astrophysique, responsable du service Éducation et Médiation de l’observatoire, nous rappelle l’importance de rétablir la vérité face à certaines découvertes et expose les difficultés de ces savantes à se réaliser et à être reconnues dans l’ombre des hommes. Rencontre.
« Pourquoi avoir proposé aussi des hommes dans cette exposition dédiée aux femmes ?
Cette exposition s’adresse particulièrement aux établissements scolaires et il nous a semblé pertinent d’enseigner aux élèves quelles ont été les découvertes majeures en astronomie. Nous retrouvons donc Copernic, Einstein, Galilée, Eratosthène… À noter qu’un d’entre eux, Georges Lemaître, s’est fait voler sa découverte sur une loi physique et nous avons souhaité raconter son histoire.
Comment avez-vous choisi ces 19 scientifiques ?
Notre difficulté a été de retracer leur parcours, les archives sur leurs travaux sont manquantes, certaines ont même été brûlées. Nous les avons sélectionnées par ilot et par thématique. Pour l’instant, nous en avons choisi 19 mais, l’année prochaine, nous songeons en rajouter dans le domaine des géosciences. Nous proposons aux collèges et aux lycées, un jeu de piste pour connaître ces grandes dames afin d’éveiller des vocations chez les filles. Nous les avons rangées par thèmes : les femmes dans l’ombre des hommes, les femmes à côté des hommes, les succès, les vols des découvertes et les différences de salaire.
Avez-vous des anecdotes à nous raconter ?
Beaucoup de ces femmes ont travaillé à Harvard aux USA à la fin du XIXe siècle et avec l’essor de la photographie, les observatoires se sont retrouvés avec une quantité énorme de plaques à traiter. Les assistants d’Edward Pickering, directeur d’Harvard, ne travaillaient pas correctement et il leur aurait dit « Vous êtes nuls ! Je ferais mieux d’embaucher ma femme de ménage ! » Et c’est ce qu’il a fait. Écossaise et professeure de maths, Williamina Fleming immigre aux USA. Elle devient bonne pour survivre avec son fils. En 9 ans, cette scientifique extraordinaire a classé plus de 10.000 étoiles, découvert plus d’une 50taine de nébuleuses, des étoiles variables… Elle a géré une équipe d’une dizaine de « calculatrices », ces femmes diplômées et exploitées.
Autre anecdote, en 1702, l’astronome allemande, Maria Winkelmann, découvre une comète pendant que son mari, également astronome, dormait. À l’époque, il était mal vu que les femmes se mettent en avant et sa découverte a été attribuée à son époux.
Sinon, à l’Observatoire de Nice, on est très fière que Marguerite Laugier, astronome, ait touché le même salaire que ses confrères. Elle a travaillé dans les années 1930 à 1950.
Quelle est votre favorite ?
Celle que je préfère est la scientifique aristocrate, Émilie du Châtelet mariée au marquis du Châtelet. Elle décède en couches à 43 ans. C’est la seule à ce jour à avoir traduit du latin au français les travaux de Newton. Elle fut l’amante de Voltaire qui pleura sa mort en écrivant au roi de Prusse, Frédérique II : « J’ai perdu un ami de 25 années, un grand homme qui n’avait de défaut que d’être femme, et que tout Paris regrette et honore. On ne lui a pas rendu justice pendant sa vie. »
Comment se déroule la visite ?
Nous effectuons une visite guidée et proposons au public de répondre à un questionnaire en cherchant les informations sur les différents panneaux. Pour les scolaires, les élèves travaillent en équipe et doivent remplir un tableau avec 30 cartes. Une discussion s’en suit également. Puis la visite se poursuit librement dans l’espace Universarium. L’an dernier, cette exposition itinérante a voyagé dans toute la France et en Suisse. Elle peut être installée facilement dans les établissements scolaires, facs et institutions. Toutes nos photos du ciel qui vous sont montrées dans l’exposition proviennent des télescopes de Nice et de Calern. »
Jusqu’au 30 mars, Observatoire de Nice. Inscription obligatoire. Rens: oca.eu/visites