En souvenir de Frank Cassenti

En souvenir de Frank Cassenti

La 23e édition de Jazz à Porquerolles se tiendra du 7 au 10 juillet, au pied du Fort Agathe et à la Fondation Carmignac. Elle sera dédiée à Frank Cassenti, décédé en décembre 2023, qui avait fondé le festival en 2002 avant d’en passer les rênes à Samuel Thiébault.

Et ce n’est que justice ! Frank Cassenti, contrebassiste et cinéaste engagé, a tant fait pour le jazz, depuis la Lettre à Michel Petrucciani, son premier film documentaire, jusqu’à Changer le monde (2021), avec Archie Shepp, en passant par Je suis jazz… c’est ma vie, consacré à cette même légende de la Note Bleue : trois documentaires poétiques et précis parmi bien d’autres. C’est donc avec une impatience mêlée d’émotion qu’on pourra assister à une soirée qui lui est explicitement dédiée le 8 juillet : un jeu de cartes blanches, distribuées à une quinzaine de musiciens qui forment un bel éventail de la création actuelle, du batteur Aldo Romano, associé à la 1e édition de Jazz à Porquerolles, à la jeune violoncelliste Ana Carla Maza, qui vient du Chili (en passant par Cuba), du guitariste Nguyen Lê, dont le son est repérable à la première note, à la flutiste Naissam Jalal, dont les origines syriennes s’entendent en filigrane…

Bien sûr, on entendra d’autres musiques au cœur de ce joyau de la Méditerranée qu’est l’île de Porquerolles, en particulier le trio de Charles Lloyd. On a la chance que ce saxophoniste aime bien la France, et qu’il y vienne chaque année ! Octogénaire fringuant, il propose une musique extrêmement spirituelle qui, étonnamment, s’inspire aussi de traditions folkloriques simples et familières. Depuis quelques années, il travaille régulièrement avec le pianiste Jason Moran, innovateur intrépide, mais profondément ancré dans la mémoire du blues : leur association – avec en sus le remarquable Eric Harland à la batterie – donne une alchimie unique dans le paysage du jazz d’aujourd’hui. 

Trois voix étonnantes et très dissemblables vont également éclairer le festival : Youn Sun Nah d’abord, frémissante, virtuose, qui affectionne ces derniers temps les duos avec piano ; la voici avec Éric Legnini pour un ping-pong réjouissant et inattendu. Sandra Nkake ensuite, à l’opposé du spectre vocal, mais dont le vibrato grave et envoûtant donne tout autant de frissons ! Enfin, Thomas de Pourquery, dont on ne sait jamais si c’est un saxophoniste qui chante ou un chanteur qui sait jouer du saxophone, amène son univers pop, décalé et lunaire dont le romantisme ne fait aucun doute : Let the Monster fall, assure-t-il dans son nouveau projet.

Bien d’autres musiciens traverseront Porquerolles pendant ces quatre jours qui se termineront par une véritable Nuit Blanche musicale ! Ne manquez pas la fin : les incantations de Joce Mienniel à la flûte traversière ou à la flûte basse sauront seules faire lever le soleil…

7 au 10 juil, Fort Agathe & Fondation Carmignac, île de Porquerolles, Hyères. Rens: jazzaporquerolles.org

photo : Jazz À Porquerolles © Aucepika