08 Juil Le coeur bat fort…
C’est avec une émotion particulière que nous rédigeons les annonces des spectacles à venir pour cet été… Après des mois d’arrêt, des incertitudes, des meurtrissures, le spectacle vivant revient cet été, plus heureux que jamais de faire vibrer à l’unisson son public… Quelle que soit la taille dudit public. Car aujourd’hui, c’est le Théâtre Fort Antoine, la jolie arène miniature de Monaco, dominant la Grande bleue avec aplomb, qui vous invite (spectacles gratuits, n’oublions pas) autour d’une programmation savoureuse.
Une programmation intense et acidulée, comme les personnalités à l’affiche, souvent seules en scène. De ces artistes au pouvoir évocatoire et au verbe tranchant que l’on a envie de suivre dans leur jeu. On débute avec un Conseil de classe. Je vous vois hoqueter, élèves, parents, profs, passants… Comment donc, en plein mois d’août ? Oui et vous n’êtes pas au bout de vos peines avec ce professeur particulier, Geoffrey Rouge Carrassat. Je vous défie de ne pas être épris.e.s du dompteur de chaises et d’élèves invisibles, à la crinière virevoltante, au bout d’une minute.
Dans la palette des goûts, nous passons du piment au vinaigre. Car plus rien n’a de grâce aux yeux de ce critique d’art, pas même Le Tintoret, ou les autres Maîtres anciens. À travers une contemplation des galeries du Musée de Vienne, nous cheminons avec lui jusqu’à ses paysages intérieurs. Nicolas Bouchaud incarne avec le zeste d’acidité et de peps nécessaires le flot ininterrompu des pensées du cynique personnage du roman éponyme de Thomas Bernhard. Entre drôlerie, érudition, et… sens aigu de la critique, évidemment, il n’y aura pas de quartier !
Puis, ne vous y trompez pas, si le décorum d’une caravane-théâtre culinaire a l’air plus doux, Jérôme Pouly (sociétaire de la Comédie-Française) sera intraitable avec les aliments et les mots. Sa Cuisine des auteurs reprend du service, et non-content de vous faire saliver, depuis les péchés mignons de Colette à ceux de Rabelais, il vous fera déguster le tout. Autre saveur, autre alchimie, qui vaut certainement son poids de safran et de vanille, voici la batteuse Anne Paceo. Son dernier opus, Bright shadows, annonce la couleur par cet oxymore intriguant. Ne cherchez pas les sentiers battus avec la surdouée aux trois Victoire, entre afrobeat, pop et jazz, elle refuse de choisir. Elle pioche dans toutes les tonalité pour créer sa propre palette aux mille parfums.
La Cie Babel quant à elle a développé une obsession d’un genre particulier : Saint-Félix, hameau (imaginaire) d’une vingtaine d’âmes. Au départ, il y eut un fait divers réel dans un village du même nom. Elise Chatauret en a fait la matière d’un spectacle prenant, entre polar, étude sociologique ciselée, à la Simenon, conte fantastique, et vous n’aurez de cesse de savoir qui est cette revenante qui cristallise tous les fantasmes, à Saint-Félix.
Enfin, restons dans le ténébreux, dans l’arôme de cave développé à l’abri de la lumière, avec le plus inquiétant de tous les contes, Barbe Bleue. Il y aurait bien à dire sur la matière, symbolique cette fois, de l’oeuvre de Perrault, qui flirte sans relâche avec l’idée de la tentation sexuelle, de la vénalité, de la faute, de l’interdit… Lisa Guez en a tiré une variation chorale, Les femmes de Barbe Bleue, qui éclaire d’un jour nouveau l’histoire de l’homme à femmes… mortes. Un frisson angoissant le long de l’échine, du haut du promontoire de Fort Antoine, vous pourrez déguster ce millésime amer et scruter avec Soeur Anne si vous ne voyez rien venir.
18 août au 4 sep, Théâtre du Fort Antoine, Monaco. Rens : theatrefortantoine.com
… fort de ses 50 ans !
À l’occasion des 50 ans du Fort Antoine, la Direction des Affaires Culturelles convie les institutions culturelles de la Principauté dans un programme intitulé Les Invités du Fort. Du 8 juillet au 7 août, 10 soirées célébreront cet anniversaire que l’on a bien failli ne pas fêter… Le plus représenté, l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo proposera trois concerts, l’un par sa section cuivre, l’autre par sa section bois, le dernier, en clôture le 7 août, réunissant les deux dans un grand programme où l’on entendra Bach, Haendel, Beethoven, Bizet et bien d’autres… L’Opéra de Monte-Carlo qui fera quant à lui briller son Soleil de Naples, groupe fondé en 2016 par la rencontre de trois amis, ténors du choeur de l’Opéra de Monte-Carlo, qui partagent la romance, la passion et la joie de vivre, caractéristiques essentielles de l’interprétation de la chanson classique napolitaine. Musique encore avec le Printemps des Arts, qui a vu son édition 2020 annulée. Il présentera Adélaïde Ferrière et Jean-Étienne Sotty, invités du festival ces dernières années, qui donneront des pièces très différentes, chacun dans son style instrumental : des pièces énergiques et surprenantes, dont l’une, présentée depuis un tabouret tournant, qui avait fait forte impression lors du Printemps 2019. Enfin, l’Institut Audiovisuel de Monaco présentera 2 films, le Théâtre Princesse Grace une pièce, et la Fondation Prince Pierre une soirée lecture.