08 Juil Jean Ferrero & friends, une folle histoire
Une joyeuse exposition vous attend tout au Musée Masséna de Nice. Celle du parcours singulier de Jean Ferrero, mémoire vivante d’une période glorieuse de l’art contemporain à Nice.
Les 30 glorieuses rimaient avec les « années joyeuses ». Elles resurgissent en ces temps de délabrement comme une percée de lumière par cette liberté folle dont nous avions oublié l’écho. Commence alors, au lendemain de la guerre, une course effrénée à la consommation et au spectaculaire dont les Nouveaux réalistes s’emparent avec dérision, en lacérant les affiches ou en compressant les objets. Jean Ferrero,
né en 1931, est ce personnage atypique, autodidacte, haltérophile, modèle nu, photographe ou chauffeur de camion qui se mit à collectionner à Nice — là où l’aventure commence — tous ses amis artistes, à tel point qu’il commença à vendre des oeuvres et devint, par la suite, le galeriste qui exposa César, Armand Malaval, Ben et tous ces précurseurs qui accédèrent à la renommée internationale. Sans oublier Venet, Gilli, Moya et bien d’autres artistes.
L’exposition relate cette histoire folle, débordant d’énergie et d’insolence, où la dérision est de mise et qui permit à l’art de s’élargir vers de nouveaux horizons. L’art n’est plus seulement objet de contemplation, il est action, il est une fête dans le quotidien, il descend dans la rue. C’est ce bric-à-brac qui est ici mis en scène. L’oeuvre se confond à d’autres objets entre art brut et cabinet de curiosités. Des photographies relatent ces événements, de la brocante qui rebondit sur des statuettes de l’art primitif, comme aussi les accumulations d’Arman ou les compressions de César. On rit, on s’étonne, on s’émerveille de cet univers hétéroclite quand provocation ou blasphème nous emportent dans un tourbillon de formes et de couleurs. La liberté est sans limites et l’art est à ce prix. Et la fête et le rire conjurent les lendemains de guerre. A l’issue de ce délitement sanitaire, politique et social qui vient d’apparaître dans sa crudité obscène, voici une leçon de vie dont les artistes d’aujourd’hui devraient s’emparer pour cicatriser les plaies du présent.