L’art de l’interaction…

L’art de l’interaction…

…Tout ce qui est proscrit en cette période de pandémie ! Qu’à cela ne tienne, la Villa Arson a rouvert ses portes en juin et accueille de nouveau les curieux de tous poils. Avec les précautions d’usages, l’art s’est installé dans chaque recoin du centre d’art, et ce n’est pas de moins de 4 expositions qui sont à (re)découvrir jusqu’au 20 septembre.

Covid oblige, les artistes dont nous évoquions il y a quelques semaines les travaux prolongent leurs expositions tout l’été (dans le respect des mesures sanitaires, rassurez-vous). Parmi eux, Kristof Everart. Nous ne sommes pas chauvins, mais attaquons avec le « local de l’étape »… L’artiste qui vit et travaille à Nice propose Entropie d’un territoire, un titre qui exprime un niveau de désorganisation et d’imprévisibilité d’un système et rend sensible, au moyen de l’art, le chaos qui le caractérise. Pas tout compris ? C’est normal… C’est lors d’une résidence chez l’INRIA (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique, Sophia-Antipolis), qu’il a travaillé sur les flux de déplacements humains sur une zone entre Nice et Marseille. En a émergé un travail artistique qui retranscrit ces impacts humains. « Mon souhait n’est pas d’illustrer les phénomènes physiques et scientifiques, mais bien de les interpréter par la production d’oeuvres sous forme de dessins, de peintures, de sérigraphies et d’installations », indique-t-il.

En parlant de phénomènes scientifiques, il faudrait sérieusement se pencher sur ce qu’a voulu dire l’artiste Sol Calero en intitulant son exposition Ils ont insisté pour couvrir les fissures, mais les murs transpiraient toujours. Née au Venezuela, l’artiste sud-américaine s’inspire de son héritage culturel et de ses influences pour créer ses oeuvres. Peintures de fruits et végétaux exotiques, peintures murales et céramiques, sculptures… toutes résultent du regard singulier qu’elle porte sur le monde, passé par le prisme de ses origines. Loin du cliché, ses travaux produisent pourtant un aspect festif et lumineux propre à l’iconographie tropicale, tout en parvenant à se couler dans les lieux et contextes où elle travaille. Ainsi a-t-elle construit plusieurs installations immersives au coeur de la Villa Arson, où elle a effectué une résidence d’artiste entre novembre 2019 et février 2020.

Tout aussi coloré est le travail de Zora Mann, qui a également conçu son exposition Waganga durant cette même résidence d’artiste. Sa peinture, souvent abstraite, très dense, multiplie les couleurs. À la limite du psychédélisme, ses oeuvres (peintures, sculptures, rideaux…), très proches également de l’art brut, font cohabiter des mondes et des perceptions différentes. « Je peins de l’intérieur vers l’extérieur », dit-elle. Ancienne élève de la Villa Arson, originaire des Pays-Bas, elle a notamment été très marquée par les cultures de l’Afrique de l’ouest où elle a vécu. Waganga signifie d’ailleurs « guérisseurs d’âme » en swahili…

Il est, vous l’aurez compris, question de cultures avec ces expositions. Et la 4e, The Last Brahmin / Le Dernier Brahmane, oeuvre de Shailesh BR, nous invite du côté de l’Inde et de son système de castes. Si son exil « spirituel » loin de ses terres natales lui a permis de méditer sur ces pratiques, l’artiste/brahmane a choisi de partager ses souvenirs personnels dans l’idée de tisser les événements de sa vie en une narration visuelle. Bien que les cloisons spatiales soient imaginaires, l’espace d’exposition, ses objets et ses rituels sont basés sur le plan d’une maison brahmane traditionnelle et sur ses usages. « Dans mon village, il est toujours interdit aux gens des autres castes de pénétrer dans une maison de brahmane, ce qui doit les rendre très curieux… » En invitant les visiteurs à pénétrer son espace, Le Dernier Brahmane renonce en quelque sorte aux discriminations basées sur la caste et ouvre la porte à l’échange et à l’interaction, caractéristiques communes aux 4 expositions présentées cet été !

Et pour interagir avec vos semblables, quoi de mieux qu’un café ? Le centre d’art installe dans ses jardins le Café Bosco. Éphémère, ombragé, le chant des cigales pour ambiance, il est ouvert à toutes et tous, du 27 juin au 30 août : visiteurs, promeneurs ou habitants du quartier !

Jusqu’au 20 septembre, Villa Arson, Nice. Rens: villa-arson.org