08 Juil Le dessin, autrement
« Je vais là où m’emmène le dessin ; il pourrait ne pas s’arrêter, devenir infini. » Telle est la pensée de l’artiste Christian Lhopital qui, en compagnie d’Emmanuel Régent et Chourouk Hriech, a investi le Musée de Vence, et ce jusqu’au 15 novembre.
Leur mission était de réaliser une oeuvre éphémère sur les murs du musée et de la Chapelle du Rosaire afin de procurer au spectateur une expérience immersive et sensible inédite. On constate d’abord l’importance de la primauté d’expression d’émotion par le dessin contemporain qui, loin d’être une simple discipline, questionne la force de l’image et la représentation de la figure moderne. En effet,
il n’est plus figuratif ni emprisonné dans le tableau : les artistes portent le trait à une échelle autre que la feuille de papier. Il s’opère un dépassement que l’on appelle le wall drawing : comme son som l’indique, il consiste à dessiner à grande échelle et le plus souvent à but éphémère. Le précurseur de ce mouvement Sol LeWitt, a lui-même laissé sa trace dans la Chapelle et le musée en 2002. Il est l’emblème de ces compositions abstraites éphémères et insaisissables. « C’est l’idée qui est l’aspect le plus important de l’oeuvre« , précise-t-il. Cette conception du dessin rompt avec la tradition et bouscule le rapport entre peinture et architecture.
L’oeuvre de Sol LeWitt résonne à travers les trois artistes qui ont eu carte blanche : une belle façon d’investir le lieu et de séduire divers publics. Tandis que Lhopital propose des esquisses dérangeantes, mais intrigantes, entre trouble et ravissement, Hriech compose avec ses ressentis éprouvés dans l’instant ce qui confère une dimension performative à son oeuvre. Régent se fait plus opaque avec la technique plastique du letraset, singulière, car elle gratte et altère le trait. Afin d’immortaliser leur travail, un making of du processus de réalisation est projeté dans un espace vidéo. La technologie de ce siècle rend possible l’oxymore suivant : garder la trace d’une oeuvre éphémère.