Nouveaux venus, nouvelles donnes

Nouveaux venus, nouvelles donnes

Dans le cadre des célébrations de ses 30 ans, l’Espace de l’Art Concret (eac.) vient d’inaugurer une nouvelle exposition qui présente un ensemble significatif des donations récemment entrées dans sa collection.

La Donation Albers-Honegger de l’eac. est une collection d’Art Concret unique en France ; riche de plus de 700 oeuvres, représentatives des multiples tendances de l’abstraction géométrique, elle est classée Trésor National. Un nouvel accrochage met en lumière un ensemble significatif des donations récemment entrées dans la collection qui s’est constitué en plusieurs étapes depuis les années 2000. Grâce à la dernière donation en 2011 de Gottfried Honegger, l’eac. compte aujourd’hui un ensemble rare, depuis les premiers dessins figuratifs à l’aquarelle du début des années 1930 jusqu’aux derniers reliefs métalliques évidés et synthétiques des années 2010. Ainsi, en presque 10 ans, ce sont plus de 200 nouveaux éléments qui ont intégré le fonds permanent.

L’art concret est né dans l’entre-deux-guerres dans les années 20/30, l’époque est alors marquée par le néo-positivisme, l’histoire de la pensée est gouvernée par l’esprit rationaliste, son émergence est corrélée aux avancées scientifiques. Cette nouvelle façon d’appréhender le monde imprègne et contamine la pensée esthétique, l’art. Les artistes réunis sous l’égide de l’art concret s’érigent contre le symbolisme, le surréalisme, l’art abstrait. Le langage formel refuse alors toute dramaturgie et tout lyrisme. La ligne, la forme, la couleur et la matière doivent concentrer leur essence et leur sens dans l’espace consacré de l’oeuvre, et ne pas s’étendre au-delà du cadre matériel et de l’espace réel de la toile. Le sens ne doit ainsi pas excéder la forme, elle exige de même « une clarté absolue ». L’oeuvre matérialise la pensée, elle est un langage pur et simple qui se doit d’être compris par toutes et tous, universel. Pourtant, l’unité intellectuelle comme sensible des artistes réunis sous l’égide de l’art concret semble opposer nombre d’ambivalences, et de paradoxes. La recherche en histoire de l’art et les artistes contemporains continuent d’explorer la richesse et l’aspect protéiforme de l’art concret, ses enjeux conceptuels, philosophiques et sociétaux.

Parmi ceux exposés à Mouans-Sartoux : Alberto Berliat, Marcelle Cahn, John Cornu, Jean-François Dubreuil, Gerhard Frömel, Fritz Glarner, Gottfried Honegger, Jahangir, Imi Knoebel, Nikolaus Koliusis, Jens J. Meyer, Guillaume Millet… Les rencontres, conférences ainsi que les nombreux ateliers de découverte et/ou d’approfondissement de l’eac. sont une belle initiative de la ville et du musée qui offrent ainsi des clefs d’apprentissage et de compréhension de l’un des mouvements majeurs du 20e siècle.

L’eac. propose également de découvrir pendant tout l’été, et jusqu’au 6 septembre 2020, son temps fort dédié à l’artiste espagnol Francisco Sobrino (1932-2014). L’exposition qui offre un parcours rétrospectif sur le travail de cet important représentant de l’art cinétique est présentée dans les espaces du château, mais aussi dans son parc, à l’ombre des chênes et des oliviers.

Jusqu’au 7 mars 2021, Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux. Rens: espacedelartconcret.fr