Rapprochons-nous !

Rapprochons-nous !

1 mètre de distance, c’est la distance physique minimum qui a longtemps été recommandée pour se préserver de la contamination. Mais c’est aussi le nom de la nouvelle exposition de la Galerie Eva Vautier, à Nice.

Pendant le confinement, nous avons tous applaudi les musiciens, les danseurs et les comédiens qui se produisaient gratuitement sur les réseaux sociaux. Plus discrets, les plasticiens n’ont pas chômé non plus. Nous avons maintenant l’occasion de voir le fruit du travail de quelques-uns d’entre eux…En mars, lorsque les galeristes durent fermer boutique, il fut évident pour Eva Vautier d’imaginer une exposition collective pour, le moment venu, remettre en avant les artistes de sa galerie et quelques invités. La pause forcée, qu’une grande partie de la société a été obligée de prendre, fut vécue de façon différente par chacun d’entre nous. Qu’en est-il pour les 38 plasticiens présentés ?

Habitués à nous montrer leur vision du monde, parfois intérieure, certains ont produit des oeuvres allant plus dans l’introspection. On pense à l’exercice de concentration presque méditative des boules en mouvement perpétuel de Tom Barbagli, aux papiers faits à la main portant des mots forts ressentis et incrustés de Charlotte Pringuey-Cessac. Il y a aussi le grand tableau d’un intérieur quasiment vide de Jacqueline Gainon, comme abandonné, ou encore les patrons colorés de Sandra Lecoq non loin de la chasuble d’Agathe Wiesner faite d’écharpes.

D’autres, plus nombreux, ont eu une soif de nature et d’extérieur. Pour preuve, les fleurs de Junko Yamasaki, l’herbier au petit chien de Laurie Jacquetty, l’album de photos d’extérieur de Joseph Dadoune, ou celles de Simone Simon prises exclusivement de l’intérieur de chez elle, accompagnées d’une référence littéraire au verso. À voir aussi, les échantillons de mer Méditerranée d’Anne-Laure Wuillai, les grands arbres en noir et blanc d’Anne Favret et Patrick Manez ou encore les ballons cerclés de laiton de Justin Sanchez et le Casque type homme sandwich d’Arnaud Biais.

Le deuxième objectif de l’exposition est un peu plus matériel. Les artistes étant souvent complètement indépendants, ce sont les expositions et les ventes qui en découlent qui les font vivre. Sans cela, pas de revenus, ils n’ont droit ni au chômage partiel ni aux aides directes de l’État. Je ne saurais que trop vous encourager à les soutenir moralement en allant voir cette belle exposition, et si vous le pouvez et que vous avez un coup de coeur, d’oser acheter leurs oeuvres. Anne-Sophie Lecharme

13 juin au 30 juillet, Galerie Eva Vautier, Nice. Rens: eva-vautier.com