Marathon queer sur la Côte d’Azur

Marathon queer sur la Côte d’Azur

Top départ ! Alors que les Rencontres Cinématographiques In&Out cannoises viennent de s’achever, l’édition niçoise est programmée du 10 au 18 septembre. Et, cerise sur le gâteau, Les Ouvreurs lancent un nouveau festival à Toulon fin septembre, en partenariat avec la scène nationale Châteauvallon – Le Liberté. Bref, c’est un mois chargé qui attend les cinéphiles de tous bords et permettra d’offrir une plus grande visibilité à la communauté LGBTQ+.

Sur le mur Facebook de Benoît Arnulf, le directeur artistique, se confondent un nombre incalculable de publications concernant les trois festivals. Mais une retient l’attention. Pour plus d’exposition, il souhaitait s’offrir un encart publicitaire. Problème, l’affiche du festival cannois a été refusée par l’algorithme, car jugée obscène : un garçon torse-nu avec des flèches dans le corps… que la bible n’aurait pas renié. Ironiquement, on retrouve cette affiche sur d’autres publications n’étant pas des pubs. « Absurde » pour Benoît Arnulf, qui s’en irrite sur le réseau social, mais ne garde aucune rancoeur : son post est partagé de nombreuses fois et donne au festival l’écho qu’il n’a pas pu avoir. Cette petite mésaventure fait suite à un été bien emmerdant pour les organisateurs. Crise sanitaire oblige, Les Ouvreurs ont dû réduire leurs coûts pour prévenir d’une éventuelle annulation et la fréquentation est revue à la baisse. Mais pour Benoît Arnulf, « tout arrêter et rester chez soi esquisse une société dans laquelle je ne veux pas vivre. » Il peut sourire. Alors qu’on lui prédisait l’enfer, il revient en septembre avec non pas un, ni deux, mais trois festivals !

Première toulonnaise

Sortons le champagne et parlons ciné. La grande première du festival Liberté + In&Out aura bien lieu et s’annonce ambitieuse. Sous forme de biennale, elle mêlera cinéma et spectacle vivant. À ne pas manquer, la lecture de la pièce de théâtre L’affaire Harry Crawford, inspirée d’une histoire vraie qui a défrayé la chronique en Australie dans les années 20. Né(e) Eugénia Falleni, Harry voit sa vie bouleversée quand sa fille cachée le retrouve… Plus audacieux encore : The Rocky Horror Picture Show, une ciné-performance où le spectacle est autant à l’écran que sur scène, narrant l’histoire d’un jeune couple coincé dans un château où le propriétaire se livre à de sensuelles expériences. Les spectateurs n’en seront pas vraiment : s’ils sont déguisés, ils pourront participer !Au programme également, deux films documentaires de Patrick Chiha, Si c’était de l’amour, portant sur le travail et l’intimité des relations d’une troupe de danseurs dans les raves des années 1990, et Brothers of the night, où le réalisateur suit de jeunes garçons se prostituant dans les nuits Viennoise. Tout ceci agrémenté de débats, de tables rondes et de la première gay pride toulonnaise ! « Il y avait une vraie volonté de porter le message dans l’espace public. Mais la grande inconnue, c’est de savoir si le grand public suivra« , se questionne le directeur artistique, en espérant que « la dynamique prenne. »

Hommage à Sébastien Lifshitz à Nice

Le principal temps fort de l’édition niçoise – fière de son nouveau partenariat avec la cinémathèque – sera la rétrospective consacrée à Sébastien Lifshitz. Habitué des grands festivals comme Cannes, Venise ou Berlin, il est un adepte des films documentaires, un genre pas assez reconnu par le grand public qu’In&Out souhaite mettre en avant. Sa dernière oeuvre, Petite fille, aborde la question de la transidentité durant l’enfance, période de la vie où cette thématique est très souvent oubliée, voire taboue. Cette 12e édition se nomme pour l’occasion Trans is beautiful et traitera cette question en long et en large, notamment lors d’un seul en scène stupéfiant et émouvant : Dans la peau de la panthère d’Anne Gaëlle Duvochel. Elle raconte sa transition, faite sur le tard, alors qu’elle a vécu dans un monde où son identité était encore une maladie mentale… Aussi à l’affiche, pêle-mêle, car on pourrait faire un numéro spécial pour de tels festivals, La première marche, documentaire sur la première pride de Saint-Denis, Garçon Chiffons, en ouverture des trois événements et en compétition à Cannes, ou encore une sélection des meilleurs courts-métrages queer. Vous serez servis !

12e Rencontres cinématographiques In&Out, 10 au 18 sep, Nice / 1e festival Le Liberté + In&Out, 21 au 27 sep, Toulon. Rens: inoutfestival.fr
& chateauvallon-liberte.fr