16 Sep Compagnie Phase : du renouveau dans la continuité
Un éclair fascinant dans une nuit d’été : telle fut l’apparition de Karine Miquelis sur la scène du Théâtre de Verdure de Nice, interprète minutieusement choisie par Sophie Boursier pour interpréter Sada, sa première pièce en qualité de chorégraphe pour une autre danseuse. Une approche nouvelle et particulièrement convaincante qui marque une évolution pour Charlotte Lafaye et Sophie Boursier, le duo fondateur du Collectif Exceedance qui devient désormais la Compagnie Phase.
L’aventure des deux danseuses avait débuté par l’envie de créer des pièces résolument contemporaines faisant appel aux technologies actuelles tout en ayant à cœur de mettre en avant les multiples aspects de l’être humain, y compris dans sa dimension mentale ou psychique. Obsolescere, leur première création qui ouvrait la voie à un triptyque, s’attachait à une réflexion sur la société à travers la notion d’obsolescence programmée, offrant une danse représentative des conséquences d’une course effrénée sans fin. Puis vint Transire, un recentrage sur la notion de couple. Loin d’une vision romantique, c’est le couple face aux autres, aux contingences, aux enjeux extérieurs qui se révèle dans une danse où le répétitif de la routine provoque la fuite vers de nouvelles quêtes, la gestuelle dynamique n’excluant pas pour autant les moments de douceur et d’apaisement. Le troisième volet, Perceptio, dont quelques aspects ont déjà été présentés notamment à l’Espace Magnan, s’affirme d’ores et déjà comme une pièce intensément immersive. On pourra la découvrir dans le cadre du festival Les Inclassables, proposé par Laurence Marthouret, qui se déroulera du 11 au 13 décembre. Ces créations scéniques intègrent pleinement la vidéo et la musique électronique dans un processus de création qui, tout en se fondant avec la recherche chorégraphique, offre aussi des pistes plus personnelles à l’imaginaire du spectateur.
En parallèle, le répertoire de Sophie Boursier et Charlotte Lafaye compte aussi plusieurs créations pour les musées ou in situ. Dans cette optique, les artistes n’ont pas forcément recours à la vidéo puisqu’il s’agit le plus souvent d’une « rencontre » spécifique autour d’un artiste ou d’une œuvre. Durant l’été, Sophie Boursier a offert au public du 109 un essai chorégraphique inspiré par le roman de Xavier-Laurent Petit, Le monde d’en haut, sur une musique de Nowhere Boy. Ici, pas de décor ni de jeux de lumière. La danseuse s’est confrontée seule aux spectateurs avec la force de sa gestuelle et l’intensité de son jeu expressif. Prochainement, on la retrouvera au Musée de la Photographie Charles Nègre avec (A)Cross programmé pour la nuit Européenne des Musées. On se souvient aussi de L’envol d’Icare interprété par Charlotte Lafaye au Musée d’Archéologie de Cimiez, de la participation des deux danseuses à la soirée Electrons Libres au MAMAC, ou bien encore de la performance de Sophie Boursier au Rijksmuseum d’Amsterdam où la danseuse y chorégraphia et interpréta The Night Watch Experience, une performance en lien avec le célèbre tableau de Rembrandt, La ronde de nuit, sur une invitation de Jeff Mills, icône de la musique électronique.
Ainsi, si la collaboration entre artistes est une constante, le travail de la compagnie est avant tout centré sur la danse justifiant le passage à la création de la Compagnie Phase qui devient dès lors plus conforme à la globalité des projets portés par les deux jeunes femmes. Sophie Boursier en assurera la direction artistique, soutenue par Charlotte Lafaye qui pour sa part intensifiera son rôle en termes de coordination et de communication sur les projets menés. Rendez-vous dès aujourd’hui sur leur nouveau site www.compagniephase.com.
(photos : 1- Sophie Boursier et Charlotte Lafaye, Transire © Frédéric De Faverney / 2- Karine Miquelis, Sada, chorégraphie Sophie Boursier © Frederic De Faverney / 3- nouveau logo Cie Phase)