Être parent d’élève en 2020…

Être parent d’élève en 2020…

Nos enfants ont repris le chemin de l’école lundi dernier, 2 novembre 2020, dans un contexte des plus particuliers… Entre ce nouveau confinement, un protocole sanitaire renforcé et l’hommage au professeur Samuel Paty, les sources de stress étaient nombreuses pour beaucoup de parents et d’enfants. Nous avons rencontré l’un d’entre eux, une maman d’élève de primaire, qui souhaite rester anonyme afin d’éviter tout conflit avec l’institution dans laquelle étudie son fils.

Confinement deuxième volet. Un confinement, certes, moins strict que le précédent. Les écoles sont ouvertes et les parents, dépassés et surchargés par le télétravail, n’ont pas à porter la casquette d’instituteur ou professeur… Une certaine liberté pour les parents pouvons-nous penser… Mais pour cette Maman, «  il n’en est rien ! Être parent d’élève en 2020, ce n’est pas une mince affaire… »

La veille de cette reprise, elle nous avoue s’être endormi la boule au ventre. « Mon fils étant en CP, je savais qu’il devait reprendre le chemin de l’école le lendemain en portant le masque. Tout se passe avant 6 ans nous dit le docteur Fitzhugh Dodson dans son best-seller. Cela veut-il donc dire que tout est permis à partir de cet âge ? Pourtant un enfant de 6 ans n’a pas atteint l’âge de raison, il n’a pas encore atteint la maturité cérébrale nécessaire pour penser de manière abstraite. Malgré tout, nous ne leur laissons pas le choix de porter le masque, de cacher leur visage et leur bouche en plein apprentissage de la lecture. On a tout entendu à ce sujet : les enfants sont des nids à microbes… puis attention à Kawazaki… pour finalement nous dire que nous ne sommes pas certains qu’ils soient porteurs du virus, mais qu’il est cependant nécessaire qu’ils portent le masque dès 6 ans ! »

Finalement, son fils s’est habitué au masque. « Les enfants s’adaptent à tout, paraît-il… Et cela plus facilement que nous adultes ! » Son angoisse principale avant de s’endormir, dimanche dernier, était à chercher ailleurs… En cette rentrée du 2 novembre, le pays tout entier, les écoles, collèges et lycées en particulier, rendaient l’hommage à Samuel. « Nous sommes dans le pays des droits de l’Homme et il est important qu’il en soit ainsi. Faire un hommage national est nécessaire« , explique-t-elle. « Mais étions-nous obligés d’en parler dès le plus jeune âge ? Pouvions-nous laisser la liberté aux parents d’en parler ou non à leurs enfants ? »

Comment être sûr d’adopter la meilleure solution à cet âge ? « Telle une mère louve, j’ai envie de protéger mon fils, la chair de ma chair… Je ne voulais pas lui en parler. Je n’ai bien sûr pas l’intention de la mettre dans une bulle, mais n’est-il pas trop jeune pour apprendre l’atrocité de ce monde ? Afin qu’il ne soit pas choqué à l’école, j’ai donc pris la décision de lui en parler. Je ne savais pas quels seraient les mots employés par sa maîtresse et je voulais pouvoir maîtriser cela« . Le soir même, son fils a confirmé avoir échangé avec son institutrice au sujet de ce « professeur qui a montré des dessins« , lui a-t-il rapporté. « Un Papa n’était pas content et lui a fait couper la tête »… Voilà en substance, ce que l’enfant a retenu. « Est-ce qu’à 6 ans nous sommes vraiment obligés d’avoir les détails sordides de cet acte atroce ?« , souligne la maman.

« En discutant avec d’autres parents de différents niveaux de maternelle et élémentaire, beaucoup avaient le même sentiment de manque de liberté de pouvoir dire ou non les choses à leur enfant. J’ai entendu une Maman pleurer en me disant que sa fille avait peur maintenant de faire des dessins, car on pouvait lui couper la tête s’il n’était pas joli… Pouvons-nous s’il vous plaît protéger ce qu’il y a de plus sain et précieux sur cette planète, c’est-à-dire nos petits ? Les enseignants étaient-ils d’ailleurs briefés sur ce qu’il fallait dire ou faire ? Ou étaient-ils laissés à l’abandon ? Prenons l’exemple de parents qui auraient préféré préserver l’innocence de leur enfant. L’apprendre à l’école n’est-il pas un choc ? Cela n’a-t-il pas un impact sur la confiance que porte l’enfant envers ses parents ? Posons-nous les bonnes questions ! L’enseignement se fait à l’école, mais l’éducation à la maison. Ne l’oublions pas », indique-t-elle.

Cette maman ne souhaite pas que ce témoignage soit pris pour « une attaque contre nos instituteurs et professeurs, car ils ne sont pas visés par ma colère. Ils n’appliquent que ce que le gouvernement leur demande. Nos enseignants sont en ce moment fatigués, épuisés, stressés, perdus dans cette société qui nous dépasse. On change de protocole chaque semaine et ils sont souvent informés en même temps que vous et moi en écoutant France Info ou BFM TV. Cette rentrée avait un air de cacophonie générale… Rentrée annoncée dans les médias à 10h… Puis le mardi… Pour finalement se dérouler le lundi à 8h30 comme d’habitude. Comment pouvons-nous faire confiance à un ministère qui a l’air autant perdu que nous ?« 

Être parent d’élève en 2020 n’est définitivement pas une mince affaire. Être enseignant non plus…

(photo: rentrée des classes en période de covid © vpreremen.com)