Monaco, la culture… et vous

Monaco, la culture… et vous

Contrairement à la France, la Principauté de Monaco a souhaité maintenir un accès à la culture pour ses citoyens. Jusqu’au 30 novembre, la totalité des spectacles maintenus sont accessibles au tarif unique de 5€, dont le célébrissime opéra de Bizet, Carmen, qui sera carrément gratuit (tout comme les musées) !

Alors certes, Monaco n’est pas confiné… Mais malgré un couvre-feu mis en place de 20h à 6h, les salles de spectacles ont l’autorisation de rester ouverts jusqu’à 21h30 afin de permettre à la vie culturelle de survivre dans ce contexte de crise sanitaire qui nous prive déjà de nombreuses libertés… La Direction des Affaires culturelles du Rocher a mis en place l’opération Culture & Vous à Monaco, destiné à donner une visibilité aux programmations des différentes structures de la principauté maintenues, grâce à des horaires adaptés, durant cette crise.

Jusqu’au 30 novembre, l’on pourra notamment visiter les expositions Artifices instables, Histoires de céramiques à la Villa Sauber, Monarchéo au Musée d’Anthropologie préhistorique, ou encore de découvrir, au Quai Antoine Ier, les portraits filmés réalisés à Monaco par Charles Fréger.

Vue de l’exposition de Charles Fréger au Quai Antoine Ier © Direction des Affaires Cutlurelles de Monaco

Côté spectacle vivant, le public a ainsi déjà pu assister à deux concerts de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo les 5 et 8 novembre, à la pièce Toute l’histoire de la peinture en moins de 2 heures au Théâtre Princesse Grace, à la projection du mythique film Fellini Roma de Federico Fellini, dans le cadre de la saison cinéma de l’Institut Audiovisuel de Monaco, ou encore au spectacle Speakeasy au Grimaldi Forum, création originale de la compagnie The Rat Pack qui plongeait le public dans les années 1930, au cœur d’un bar clandestin américain du temps de la prohibition. Irait-on jusqu’à faire une analogie avec la prohibition de la culture en temps de crise du côté de l’Hexagone ? Je ne me le permettrais pas…

La culture est enfant de bohème…

… Elle n’a jamais connu de loi ! Bon ce n’est pas tout à fait le texte original, mais vous aurez compris l’idée… et la référence. Non content de proposer une programmation à un tarif déjà réduit, l’Opéra de Monte-Carlo va encore plus loin en offrant littéralement l’accès aux représentations du chef-d’œuvre de Bizet, Carmen, les 20, 22 et 24 novembre. Qui aurait cru, lors de sa création à Paris le 3 mars 1875, qu’il deviendrait l’un des opéras les plus populaires et les plus joués au monde un siècle et demi plus tard ? Car cette première devant le public familial de l’Opéra-Comique fut un échec. Un revers qui allait peser lourdement sur la santé de Bizet, qui décéda peu après à l’âge de 36 ans, lui qui pensait tenir-là un chef-d’oeuvre… Et le bougre n’avait pas tort, puisque, si la critique parisienne éreinta Carmen, Wagner, Brahms ou Nietzsche reconnaîtront immédiatement le génie de l’opéra de Bizet. « D’ici dix ans, Carmen sera l’opéra le plus célèbre de toute la planète« , dira même le prophétique Tchaïkovski.

Accompagnés par le Chœur de l’Opéra de Monte-Carlo, le Chœur d’enfants de l’Académie Rainier III et l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, dirigé par Frédéric Chaslin, Aude Extrémo (qui incarnera Carmen), Jean-François Borras (Don José), ou encore la très jeune danseuse espagnole Irene Olivera (12 ans !) proposeront une excursion au cœur de cette Andalousie brûlante de désir et ardente de liberté.

Faire face aux Imprévus

Faire face aux imprévus, c’est que Monaco s’est attaché à faire en imaginant cette opération Culture & Vous à Monaco. Et les Imprévus, on connait du côté des Ballets de Monte-Carlo. Les premiers de la saison, le 21 novembre au Théâtre Princesse Grace, vous invitent à découvrir les élèves de l’Académie Princesse Grace. Créée en 1975, cette école de danse a rejoint les Ballets de Monte-Carlo en 2009 afin d’accentuer sa dimension préprofessionnelle. L’Académie permet a ses élèves, issus de différents pays, de parfaire leur apprentissage entre 13 et 18 ans, afin d’intégrer à l’issue de leur formation une grande compagnie de danse internationale. Qu’allez-vous découvrir ce soir-là ? Par définition, un Imprévus est surprenant, alors laissez-vous aller…

Académie de la Princesse Grace © Alice Blangero

Une des dernières soirées de Carnaval

C’est le titre de la pièce qui sera présentée le 27 novembre par le Théâtre Princesse Grace. Nous sommes en 1762. Carlo Goldoni désespère de pouvoir imposer la réforme théâtrale qu’il appelle de ses vœux. Il souhaiterait que le théâtre en finisse avec les canevas hérités de la Commedia dell’arte. Il voudrait que le texte soit le cœur de la représentation. Mais il se sent, plus que jamais, incompris par le public vénitien. Il décide alors de partir pour Paris. Là-bas, dans la patrie de Molière, peut-être sera-t-il mieux entendu ? Ainsi Goldoni, l’enfant chéri de la Sérénissime, quitte la ville qui fut toujours sa principale source d’inspiration. Une des dernières soirées de carnaval sera celle de ses adieux à Venise…

Mise en scène par Clément Hervieu-Léger, Une des dernières soirées de Carnaval sera aussi l’une des dernières soirées de cette opération Culture & Vous à Monaco qui se clôturera les 28 et 29 novembre avec deux concerts proposés par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. Alors que la première date verra le jeune Trio Zeliha interpréter des oeuvres de Beethoven, dont nous célébrons en 2020 les 250 ans de la naissance, la seconde permettra d’entendre l’immense pianiste Nicholas Angelich, accompagné de la phalange monégasque dirigée par son chef Kazuki Yamada.

(illustration : Carmen, Théâtre Capitole © Patrice Nin)