Les Inclassables renouent avec le lien direct

Les Inclassables renouent avec le lien direct

Être inclassable, c’est se retrouver là où l’on ne vous attend pas ; c’est se renouveler pour surprendre, susciter la curiosité et faire naître une émotion…

La 3e édition des Inclassables, repoussée dans un premier temps, avait finalement abouti à un format exclusivement en distanciel. En proposant des pièces réécrites pour l’occasion, en accès totalement gratuit sur le net, le festival imaginé par Laurence Marthouret, à la tête de la Cie /TranS/, avait su montrer sa capacité à se réinventer. Pour ce nouveau chapitre, Les Inclassables attestent une nouvelle fois de leur faculté à s’adapter et à se transformer « tout en intégrant la contrainte pour qu’elle devienne créatrice », reconnaît la chorégraphe.

Un festival au cœur de la création

Trois périodes échelonnées dans le temps permettront de découvrir des univers singuliers qui viennent s’inscrire dans une vision globale s’articulant autour des trois axes : la résidence, la transmission et la représentation.

Cette année, Les Inclassables nous entraînent au cœur de la création. Pour Laurence Marthouret, « le spectacle n’est pas magique. Il connaît différentes étapes et le public est souvent curieux de savoir comment on fabrique un spectacle. Le temps de résidence est très important pour les artistes, car il permet d’englober le processus de création dans son ensemble. » Celle-ci passe par de nombreux états qui vont de la solitude du chorégraphe face à son imaginaire au travail en plateau avec les danseurs, en passant par les contraintes techniques.

Mais la création chorégraphique est aussi « une histoire de rencontres, de liens, de langage ». Pour cette raison, Laurence Marthouret a souhaité mettre également l’accent de cette édition sur la transmission vers les autres. Installée en résidence permanente au 109, le pôle de cultures contemporaines de Nice, elle veut aller chercher le public d’autres quartiers afin de créer un tissu de ramifications et d’étendre ainsi la culture dans une optique de « développement de la création chorégraphique, de transversalité des arts et de la culture pour tous ». C’est dans cette optique que s’inscrivent les temps de médiation qui permettent d’offrir des outils pédagogiques par rapport à la représentation finale.

À la rencontre de trois univers

Les Inclassables ont d’ores et déjà débuté avec la résidence de la Cie Narrative Body fondée par Johanna Henritius. Après avoir longuement travaillé en tant qu’assistante aux côtés de la chorégraphe allemande Margarita Nagel, elle crée sa compagnie qui se démarque par une gestuelle très personnelle issue de sa pratique de danseuse, de sa formation en qualité de doctorante en danse contemporaine, mais aussi de l’apport de pratiques somatiques qui lui permettent d’affiner sa conscience du mouvement dans une globalité du corps et de l’esprit.

Cet aspect est très important dans le choix des artistes que propose de découvrir Laurence Marthouret. « Un artiste n’offre pas qu’un spectacle. Il doit avoir une démarche, une écriture chorégraphique que l’on peut rapidement reconnaître. La performance vient nourrir un discours. » Pour ce festival, Johanna Henritius a imaginé The Other Me dont elle a confié l’interprétation à Claire Camous et Chloé Hennemann. À travers l’histoire de deux sœurs en quête de leur propre chemin se pose la question de la séparation, de la distanciation tant spatiale que sociale, tandis qu’elle permet aussi de remettre la cellule familiale au cœur de nos vies.

Au mois de juillet, Les Inclassables recevront la Cie Belles Absentes de Julien Marcland dont la recherche se démarque par une dimension poétique. L’artiste proposera tout d’abord une médiation sur le thème de la poésie en mouvement avant de s’installer en résidence pour sa création Beaux présents dorés. Sa venue est l’occasion de s’attarder sur le parallèle existant entre danse contemporaine et poésie, deux langages qui ne cessent de s’inventer en créant leurs propres règles.

Bruno Benne de la Cie Beaux-Champs sera l’invité du mois d’octobre , offrant en partage sa vision d’une danse contemporaine qu’il mixe à la danse baroque (Des Pas Baroques) dont il révèle l’étonnante modernité. De belles rencontres qui nous prouvent à quel point la danse peut se révéler multiple et inclassable.