26 Mar Rebirth, Double Je# : transcender le réel pour imaginer un monde nouveau
Magali Revest n’aura pas attendu que le monde bascule pour se questionner sur la manière dont il pourrait trouver une nouvelle respiration.
Rebirth, Double Je# est un projet qui a commencé à émerger en 2018. Imaginé à partir de cartes marines de la Méditerranée, il se construit progressivement par strates. « C’est une histoire qui prend forme en fonction des rencontres et qui s’agrège au fil du temps », explique la plasticienne et performeuse. C’est également une aventure qui s’écrit à deux puisqu’elle est accompagnée par le photographe et vidéaste Frédéric Pasquini, formant le Collectif Zootrope, sous-titré le regard en mouvement.
Pour les deux artistes, passer par la cartographie semble être l’un des moyens d’imaginer un nouveau monde. Le collectif nourrit son inspiration notamment dans le travail du philosophe Gilles Deleuze qui s’est interrogé sur les rapports de l’individu à l’espace, construisant un concept de cartographie visant non seulement à la compréhension de l’être sur un territoire donné, mais aussi à la mise en place d’explorations et de créations de nouvelles réalités. Celles-ci pourraient donc trouver une forme d’expression dans un objet artistique immersif tel que celui conçu par le Collectif Zootrope. Par une utilisation habile des médiums, le corps dansant se fait cartographie du mouvement, tandis que l’image photographique se met en mouvement : les territoires artistiques se croisent en quête de nouveaux regards, dans l’optique d’éviter que le corps charnel, vivant et organique de la danseuse ne devienne prisonnier de l’image. « L’oeil du photographe devient témoin du vivant, réalisant peu à peu un glissement de matière qui vient policer l’aspect trop lisse de la photographie. Nous imaginons des voyages possibles en nous emparant des éléments qui vont nous permettre de penser les choses avec un autre regard. »
Explorer les rapports au corps et à l’image
Depuis son origine, le Collectif Zootrope explore les rapports du corps et de l’image, confrontant leurs visions artistiques réciproques pour aborder des questionnements dans une vision sensible commune. Avec Rebirth, Double je#, s’ajoute à leurs réflexions sur l’individu et sa mémoire, son ancrage dans le bassin méditerranéen. Le projet est imaginé comme une odyssée artistique qui va également offrir la possibilité de s’interroger sur les évènements que nous traversons d’un point de vue écologique et sociétal. Les cartes marines vont permettre de définir de nouveaux cadres qui vont s’ouvrir sur de nouveaux chemins : les choses se créent strate après strate, à l’image des couches de sédiments qui ont permis la formation de nouveaux paysages.
Rebirth, Double Je# a déjà donné lieu à un certain nombre d’expérimentations, notamment des performances, spectacles éphémères offrant des espaces de liberté, qui viennent nourrir le spectacle écrit. Il pourra s’ouvrir sur un support papier, la création d’objets vidéo, une installation scénographique mêlant dessins, gravures, photographies et vidéos dans un dispositif sonore spécifique avec en aboutissement une performance dansée, car pour Magali Revest, le spectacle vivant doit avoir lieu en communion avec le public qui lui apporte son énergie. Plusieurs résidences de créations ont permis aux deux artistes d’avancer récemment sur leur projet, notamment à Marseille où ils ont été accueillis par le Pôle 164 et ont noué des liens avec le Mucem. Au cours des prochaines semaines, ils vont travailler une nouvelle fois à Marseille, au Klap (Maison pour la danse), puis au Studio Antipodes à Nice. Toujours dans la cité azuréenne, le 3 mai une première « sortie de chantier » est prévue à l’Entre-Pont.
(photo Une : Magali Revest dans Rebirth, Double Je# © Frédéric Pasquini)