
13 Avr Déclics poétiques
Tourrettes-sur-Loup a eu la bonne idée d’organiser une rencontre entre photos et poèmes, en plein air, au cœur et autour de son (très beau) village. Si les kilomètres à vol d’oiseau vous le permettent, volez-y, vous avez jusqu’au 31 mai.
Les bonnes idées déconfinées continuent de courir les rues. Depuis le 28 février et jusqu’au 31 mai, à Tourrettes-sur-Loup, photos et poèmes se sont échappés du Musée, hélas fermé, et se dégustent dans le village et hors ses murs. Du parking de la Madeleine à la Bastide aux violettes, non seulement les photos et les poèmes réjouissent l’œil et le cœur, mais le parcours permet de déambuler dans ce magnifique village, écrin pour cette exposition. La balade « chasse au trésor » permet de belles surprises, les photos et les poèmes apparaissant au détour des ruelles, mises en lumière par les vieilles pierres, cohabitant parfois avec un tag, ou encore surplombant le vide avec vue sur le pont de l’ancienne voie ferrée.
7 photographes se partagent cette inédite galerie à ciel ouvert : Jean-Pierre Amet, Laurent Colonna, Elizabeth Choleva (voir encadré), Sandra Lambert, Moïse Sadoun, Cati Salerno (dit Maf) et Sarah Vermeersch. Petit conseil, si vous commencez par le village, ne ratez pas les magnifiques arbres du Théâtre d’ombres de Moïse Sadoun. Un concours photo dont le thème est Qu’est-ce que le désir pour vous ? — jolie question — se déroule également sur la page Facebook du service culturel.
Côté poésie, l’on retrouve Claude Ber, Daniel Biga, Bruno Gabelier, François Heusbourg et Patrick Quillier. Sur les murs et grâce à des lectures sur place. À l’heure où la culture est sous-exposée, ou pas exposée du tout, cette plongée-là a trouvé le bon angle et donne du champ !
Théâtre d’Ombres 4, Moïse Sadoun © Laurence Fey Elagueurs ou photographes, Jean-Pierre Amet / Laurent Colonna © Laurence Fey
ZOOM SUR…
« En cherchant à capturer l’essence des choses, j’espère saisir la magie, la fragilité et la force de vie, à travers ce qui est parfois invisible au premier regard ». Cette phrase, écrite par Elizabeth Choleva, préface son site d’«auteur photographe, créatrice d’histoires » et définit bien son art.
D’origine tchèque, arrivée en France à l’âge de 11 ans, Elizabeth Choleva se passionne dès 14 ans pour la photographie. « N’ayant pas la culture française comme base, j’ai toujours eu un appareil photo avec moi. J’avais besoin de m’exprimer autrement, d’exprimer la beauté et la douleur des choses, d’aller à l’essentiel ». L’autodidacte commence par l’argentique et opte pour le noir et blanc. Puis suit une formation avec le professionnel Michel Cohen. Lors de sa maîtrise d’information et communication à la faculté de lettres, arts et sciences humaines, Elizabeth aborde différents domaines comme la photo, bien sûr, mais encore la vidéo. « Cela m’a permis de raconter l’histoire de mon pays, la dictature, et ce qui s’est passé après. » Le journal Nice-Matin, qui l’avait initialement embauchée pour des reportages d’images, lui propose d’écrire. En 2013, Elizabeth créée son entreprise. Devenue indépendante, elle donne des cours de photos, réalise des interventions socio-culturelles, noue des partenariats avec des musées, tout en exposant ses œuvres et en rencontrant ainsi son public.
C’est la première fois qu’elle expose à Tourrettes-sur-Loup. « La série que je présente n’était pas destinée à être exposée. Je l’ai réalisée pendant le premier confinement, qui a été très dur à vivre pour moi. J’ai voulu apporter de la poésie dans mes images, j’ai pris beaucoup d’autoportraits, car j’étais seule chez moi… C’était un challenge de me montrer autant, d’exposer mon visage. J’appréhendais beaucoup les réactions. Mais j’ai eu la très bonne surprise d’obtenir des retours très positifs, très touchants qui m’ont fait du bien et m’encouragent ».
Son premier livre photo vient de sortir et Elizabeth prépare une autre expo collective à la galerie Inattendue-Paul Conti, à la Colle-sur-Loup. Le thème est : la liberté…
Conversations © Elizabeth Choleva Ombres de nuit © Elizabeth Choleva
(photo Une : vue de l’exposition, Echappée belle © Elizabeth Choleva)