28 Avr HDE VAR : cette fois, c’est la bonne !
L’Hôtel Départemental des Expositions du Var (HDE Var) a enfin ouvert ses portes au cœur de Draguignan, après quelques semaines de retard… Merci cher Covid ! Réhabilité, tout en ayant conservé les pièces maîtresses de l’édifice du 19e siècle, l’HDE Var offre une grande surface aux futures expositions sur l’Histoire et les civilisations : à commencer par Ulysse, voyage dans une Méditerranée de légendes qui a inauguré le cycle le 4 juin. En créant cet établissement à Draguignan, le Département du Var affirme sa volonté d’étendre son maillage culturel afin d’en faire bénéficier tous les publics avec, dans le cas présent, l’ambition d’un rayonnement national. Bel exemple dans une période où trop ont fait l’impasse sur le mot « Culture » !
« Lorsque nous avons été obligés de quitter l’Hôtel des Arts à Toulon, j’ai tout naturellement demandé à nos services de réfléchir, pour cet Hôtel Départemental des Expositions du Var, à un projet à la hauteur de la ville de Draguignan, afin qu’elle retrouve l’éclat qu’elle mérite ». C’est sur ces mots que Marc Giraud, Président du Conseil Départemental du Var, a introduit le point de presse qui a suivi la visite des lieux offerte à la presse. Et d’éclat, le lieu n’en manque pas…
Le passé se conjugue au futur
Installé sur l’artère principale de la ville, l’HDE Var, dirigé par Carine Leiser, se déploie dans un ensemble architectural aux codes haussmanniens conçu par l’architecte Esprit Lantoin en 1830. Bâtit dans les jardins de la Préfecture, il abritait autrefois les Archives départementales du Var, avant de faire l’objet d’une complète réhabilitation, sous la houlette du Dracenois Frédéric Pasqualini, architecte concepteur. « Ce bâtiment est exceptionnel par sa position et sa symbolique. Le travail qu’on a initié avec le Département, c’est d’en faire un bâtiment ouvert au public et ouvert sur l’espace public. Nous avons eu une approche très méticuleuse et précise quant au respect des éléments de charpentes notamment et de tout ce qui fait la qualité de ce bâtiment, et qu’on percevait finalement assez peu, dissimulé qu’il était derrière le cèdre installé sur le parvis. »
Trois plateaux sur trois niveaux, pour un total de 650 m2 d’exposition, sont ainsi accessibles depuis des escaliers et des escalators situés dans un « exosquelette » en béton, habillé de terres cuites (photo 1), aujourd’hui décollé du mur pré-existant par une verrière (photo 2). À l’intérieur, un mur maître, ou dans le cas présent « mur d’échiffre » (photo 5), élément d’origine du bâtiment qui oriente et fluidifie la visite, partage le volume sur toute sa longueur et permet d’intégrer dans son épaisseur des vitrines d’exposition modulables en fonction de l’événement. Une modularité pensée jusque dans la hauteur des plafonds, optimisée pour pouvoir accueillir tous types d’œuvres, même les plus imposantes. Le dernier niveau affiche notamment une hauteur de 5 mètres sous un plafond habillé de poutres et de voûtains typiques de l’architecture de la fin du 19e siècle (photo 3 & 4). « Nous avons voulu libérer les surfaces pour mettre à disposition des scénographes et des muséographes les plateaux nécessaires aux expositions. Notre intervention est en fait assez modeste, puisqu’on a rejeté à l’extérieur tous les éléments techniques et les éléments de circulation. C’était également une façon d’apporter de la lumière à une architecture ancienne », souligne Frédéric Pasqualini.
Chaque plateau est livré brut, et Marc Giraud a bien insisté sur ce point : l’HDE n’est pas un musée, mais bien un espace destiné à accueillir des expositions événementielles, un espace équipé d’outils et de matériaux modernes pour une grande adaptabilité : réseau de rails d’éclairage transversaux, parois mobiles et renforcées pour l’accrochage d’objets lourds, cimaises, projecteurs, matériel multimédia… Les plateaux d’exposition et la réserve sont par ailleurs climatisés et sous strict contrôle hygrométrique pour répondre aux exigences techniques et aux contraintes strictes de dépôt et de sécurité des musées nationaux et internationaux.
Chacune des expositions sera bien entendu accompagnée d’une programmation culturelle adaptée et d’actions de médiation destinées au grand public et aux scolaires (visites guidées, ateliers thématiques et pédagogiques, conférences…).
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Une épopée qui en appelle une autre
Pour l’exposition inaugurale, Ulysse, voyage dans une Méditerranée de légendes, l’HDE Var propose une réflexion sur l’aventure et l’histoire par le biais d’Ulysse et du récit de son retour de Troie. Depuis la Grèce antique jusqu’à nos jours, chaque période a adopté une approche en résonance avec les préoccupations de L’Odyssée et de son personnage principal, Ulysse. L’Odyssée est un récit fondateur pour une grande partie de la civilisation occidentale moderne, jusqu’aux échos contemporains de la souffrance engendrée par l’exil.
Alors, pourquoi Ulysse pour inaugurer ce nouveau lieu dédié à l’Histoire et aux civilisations ? Nous avons posé la question à Milan Garcin, commissaire de l’exposition. « Ulysse est le sujet de L’Odyssée, qui va devenir un classique pour ceux qui vont être à l’origine de ce qu’on va appeler « le miracle grec », c’est-à-dire la naissance de la culture grecque, autour du 6e et 5e siècle avant notre ère. Et lorsque cette culture naît, elle va avoir un fort impact sur toute la culture européenne telle que nous la connaissons aujourd’hui. Montrer Ulysse, c’est non seulement revenir aux origines de notre culture, pour comprendre qui nous sommes et quelle vision nous avons du monde, mais c’est aussi une façon de regarder l’histoire de l’art de manière comparative, à la fois pour voir comment les œuvres se répondre les unes avec les autres, mais aussi pour saisir quels ont été les enjeux que les différents artistes ont cherché à représenter. »
Les différentes thématiques de l’épopée homérique seront présentées suivant le voyage du héros, chacune étant liée à un personnage du récit comme le cyclope, les sirènes, Circé… Les œuvres qui la composent ont été prêtées par près de 60 institutions nationales et internationales : sculptures, céramiques, objets d’art, dessins, photographies, tableaux, films et installations. Des médiations s’appuyant sur des interprétations cinématographiques des aventures d’Ulysse et des réalisations vidéoludiques — comme Assassin’s Creed Odyssey : Discovery Tour au départ destiné aux enseignants — permettront au visiteur de s’approprier la géographie des lieux et de mieux comprendre les modes de fabrication des œuvres dans l’antiquité.
Milan Garcin, qui tient à montrer comment l’iconographie de L’Odyssée est aujourd’hui encore d’actualité, y présentera également des œuvres contemporaines, créées spécialement pour l’exposition par Anne et Patrick Poirier, Camille Grandval et Damien MacDonald, ou issues de la collection départementale.
Ulysse et les sirènes, Etrurie 2e siècle avant J-C., Urne cinéraire, Albâtre polychrome © Museo Archeologico Nazionale, Italie
À suivre…
Suivra, du 17 décembre 2021 au 6 mars 2022, La table, un art français (XVIIe s. à nos jours) qui proposera aux visiteurs de découvrir l’évolution des usages français de la table au cours de ces quatre siècles, d’en comprendre les codes, les rituels et les innovations.Du 10 juin au 9 octobre 2022, l’exposition Momies, les chemins de l’éternité présentera d’authentiques momies de plusieurs civilisations en provenance de différents continents. À travers elles, le public découvrira leur représentation et leurs usages, leurs aspects anthropologiques et ethnologiques, ainsi que les techniques de momification.Enfin, du 16 décembre 2022 au 12 mars 2023, La fabuleuse histoire des jouets, de la préhistoire à nos jours sera consacrée aux différents types de jouets et leur usage, de la préhistoire à nos jours.
Hôtel Des Expositions du Var. Architecte concepteur : Frédéric Pasqualini – Scénographie : la conception spatiale a été réalisée par Maffre Architectural Workshop.
Pour y venir : de Toulon (45min en voiture & 35min en TGV), de Nice (1h en voiture & 1h10 en TGV), de Cannes (40min en voiture ou en TGV), de Saint-Raphaël (30min en voiture & 15min en TGV), de Saint-Tropez (45min en voiture), et en avion (50 min de l’aéroport de Toulon-Hyères & 1h30 de l’aéroport Nice Côte d’Azur).
(photos : vues de l’Hôtel Départemental des Expositions du Var © Nicolas Lacroix – Département du Var et Pascal Linte)