Férial : des Nuits du Sud aux glaces de l’Arctique

Férial : des Nuits du Sud aux glaces de l’Arctique

Plasticienne photographe, Férial parcourt le monde avec son appareil, des scènes du festival vençois au Groenland, en passant par le Centre Humanitaire de Paris, et partage ses rencontres dans de remarquables ouvrages à découvrir absolument.

Depuis 2012, Férial est devenue la photographe officielle du festival Nuits du Sud à Vence. Chaque été, depuis cette date, elle braque son Olympus vers la scène et les artistes qui s’y produisent, enchaîne les portraits, les séquences « live », sans oublier les coulisses et le public. Elle y est dans son élément. Pourtant, ses centres d’intérêt sont multiples, sa curiosité toujours en éveil, sa détermination sans faille ; elle sait ce qu’elle veut et fait ce qu’il faut pour l’obtenir. Dans toutes les conditions et sous toutes les latitudes. À bientôt 56 ans, elle se décrit comme une « artiste des deux rives, Parisienne par ma mère, kabyle par mon père, et je porte l’utopie libératrice dans l’âme et l’émerveillement du futur dans les yeux. »

Diplômée des Arts Décoratifs de Nice (Villa Arson), puis major de sa promotion à l’École d’Art Beaubourg de Paris avec une thèse graphique sur Serge Gainsbourg, elle participe pendant une dizaine d’années à la création de pochettes de disques, de dossiers de presse pour la promotion de films, et d’affiches dans une grande agence de communication parisienne (FKGB) ; c’est là qu’elle fait ses classes et va acquérir la maîtrise du métier de graphiste.

Après avoir quitté la capitale, elle s’installe dans le Sud et travaille pour des campagnes culturelles et des magazines régionaux toujours en qualité de graphiste. Après la peinture, puis le graphisme, elle revient à la photo qu’elle avait pratiquée dès l’âge de 10 ans, mais qu’elle avait un peu délaissée ensuite. Elle enchaîne les expositions dans toute la France et à l’étranger à partir de la fin des années 90 (Nantes, Paris, Lille, Lyon, Nice, Toulouse, Strasbourg, mais aussi New York, Beyrouth). Puis les voyages et reportages à Dublin, Montréal, Berlin, Paris, New York. Ses thèmes de prédilection : l’humanitaire, le social, l’engagement, l’écologie, l’art, l’urbanité, la nature. Des cimaises des galeries aux pages des (beaux) livres, il n’y a qu’un pas que Férial franchit allègrement.

En 2014, parution du recueil Une étrange beauté, avec une série de magnifiques portraits de gens connus et inconnus, du monde de la rue, de la musique, du cinéma, de ses amis, de ses compagnons de route. En 2016, No more, nos morts, nous sommes Paris, émouvant hommage aux victimes des attentats perpétrés dans la capitale, les deux livres chez Critères éditions.

Fin 2020, changement de décor, d’atmosphère, nouvelle aventure, en prise directe avec la nature que Férial a toujours considérée comme son — autre — milieu naturel. Voyage dans le Grand Nord, un album superbe : Au Groenland, souviens-toi de l’avenir, sous-titré Mémoire du vivant en terre de glace (Elytis, éditions Beaux livres d’Art), avec une préface signée de l’ami Cyril Dion. Ce carnet de voyage, dont Férial, confirmant son talent tout terrain, signe à nouveau les images et les textes, est le fruit du travail accompli lors d’une résidence d’artiste en Arctique, sur le bateau Le Manguier, « remorqueur pris dans la glace et isolé de toute vie et de toute communication. »

Pour cette année 2021, Férial a un autre projet de résidence d’artiste du côté du Svalbard (archipel de la Norvège, dans l’Arctique), à bord du Polarfront, un navire météorologique norvégien. Et pour la suite ? Férial reste fidèle à sa philosophie : « Ma curiosité insatiable et ma ferveur quasi-mystique pour les arts, nourrissent ma quête artistique. J’aime extraire du cœur des hommes que je rencontre l’émotion dont ils sont les étoffes. En y regardant bien, il est dit dans les contes que chaque être possède une âme ». On ne saurait mieux dire.

Au Groenland, souviens-toi de l’avenir. Mémoire du vivant en terre de glace
Férial
éditions Elytis

(photo Une : autoportrait © Férial)