08 Mai À la rencontre d’un monde sensible avec la Cie Be
Be pour être. Compagnie pour se regrouper : être ensemble et partager un projet commun. Cie Be est un univers atypique qui a vu le jour en 2009 à l’initiative de Caroline Duval. Pour cette artiste au parcours pluridisciplinaire qui l’a menée de la scène à l’écriture, du théâtre à l’art-thérapie, la rencontre avec la petite enfance a été déterminante. « L’enfant est là, fascinant. Ne nous contentons pas de petits spectacles, mais donnons-lui le meilleur ».
L’univers de la Cie Be repose sur ce que Caroline Duval a baptisé Sensibilis, à savoir le sensible sous toutes ses formes par le biais d’une recherche artistique qui s’adresse à un public dès le plus jeune âge : « Le sensible est un art universel, un état de corps, de voix qui permet de percevoir les choses qui nous entourent ». Différents types d’évènements sont mis en place par la Cie Be au cours desquels « on vit et on voit des choses inhabituelles », explique Caroline Duval.
Pour ses projets, elle réunit des artistes, mais aussi des partenaires sociaux et scientifiques. Cie Be propose des spectacles comme les C.P.I (Création Poétique Immédiate) ou R.A.N.I (Rituel Artistique Non Identifié), des laboratoires artistiques dans lesquels l’art devient support de la réflexion, des journées d’émerveillement et des résidences artistiques au cœur des structures de la petite enfance. Sans oublier les G.R.A.M, groupes de parents créateurs qui par la multiplicité des intervenants permet d’ajouter une dimension de citoyen créatif.
L’autonomie au cœur du projet
Lors d’évènements proposés par l’intermédiaire des services de la petite enfance, l’enfant amène sa famille dans son monde. Accueillies de façon bienveillante, les familles découvrent une performance artistique au cours de laquelle rien n’est expliqué. Dans cette démarche qui met le sensible au cœur de la rencontre, l’autonomie doit demeurer entière tant pour le spectateur que pour l’artiste. Chacun reste libre afin de conserver sa spécificité. Cette voie ouvre ainsi la porte aux questionnements. Certains parents avouent ne pas toujours avoir les mots face à ce qu’ils ont vécu. « C’est étrange, mais ça m’a fait du bien », reconnaissent-ils. Cette étrangeté est le fruit de la perception d’une forme de réalité qui n’est pas forcément la même pour tout le monde et qui révèle le caractère unique de chacun. Par l’intermédiaire de l’artiste, « des univers se créent où on ramène tout au corps, aux sens et à l’état de personne. Vivre cette expérience mobilise des choses que l’on a plus l’habitude de mobiliser et permet d’affirmer une véritable présence avec son enfant, en pleine conscience. »
Pour Caroline Duval, l’art de la performance est essentiel pour réfléchir ensemble. « Ce moment éphémère marque notre présence dans l’instant et peut devenir un acte de résistance. Tout peut devenir matière à une performance qui va permettre de s’affirmer, de se connaître et de trouver des ressources en soi. Se réaliser permet d’inventer des sociétés solidaires, curieuses, vivantes. L’art est un révélateur et un accélérateur, générateur de pensées. Il permet de partir à la recherche de l’humain augmenté. »