La Villa Arson au féminin

La Villa Arson au féminin

Trois femmes, trois univers, trois expositions. La programmation artistique estivale de la Villa Arson met à l’honneur l’art au féminin au coeur de ses labyrinthiques espaces, du 12 juin au 19 septembre à Nice.

Ce sera sa première grande exposition monographique dans une institution française ! Otobong Nkanga Nkanga, originaire du Nigéria et vivant aujourd’hui en Belgique, offre à voir des images qui révèlent une forte puissance d’évocation. Plasticienne et performeuse, elle explore les notions d’identité, le statut de la femme africaine et les particularités culturelles et architecturales de son pays natal, au travers d’une grande diversité de supports et matériaux. Inspirée et marquée par la terre de ses ancêtres, de ses ressources surexploitées et des récits qui en découlent, elle propose un art se situant au croisement des constructions du temps et des civilisations « pour aller au-delà de nos horizons, vers d’autres climats, d’autres économies« . Et d’économie, il en est question dans la grande photographie en papier peint qui ouvre l’exposition, celle d’une construction hétéroclite et précaire que l’on retrouve dans les pays du « Sud » comme le Nigéria. On y croisera d’autres photos, comme celle de ces exploitations minières en Namibie, une installation dédiée à la noix de Kola, des savons noirs composés de multiples essences et produits par et pour une fondation que l’artiste a créée (Carved to Flow), des dessins, des sculptures, des tapisseries… Le tout se terminant avec la voix de l’artiste qui énonce un texte dans la pénombre (Wetin You Go Do? Oya Na). 1000m2 d’exposition se déployant dans la galerie du patio et des cyprès, invitant à regarder au-delà des horizons, au-delà de nous-mêmes, et nous demandant : When Looking Across the Sea, do you Dream?

Les deux autres artistes exposées à la Villa Arson sont familières du centre d’art niçois. Julie Béna, diplômée en 2007, proposera l’exposition monographique Miles, pensée spécialement pour la galerie carrée. Elle réunit un groupe de sculptures produites à Prague, Les Aspirants, et une trilogie de films, Lettres de Prague, qui viennent en contrepoint de l’ensemble monumental, assemblé en une installation unique. Des sculptures métalliques noires – silhouettes de chevaux, de carriole, d’arbre mort… en mode western – composent ainsi un paysage figé, tandis que les trois films imaginent un récit autour « du corps et de sa possession. De la récupération constante des corps par d’autres« , indique l’artiste.

Camille Lapouge, passée par la Villa Arson entre 2016-2019 dans le cadre d’un programme de recherche, revient y présenter une exposition dans le passage des fougères, nouvel espace dédié aux artistes émergents, qui réunit Honolulu Boreale et Sidi Ferruch, deux oeuvres issues d’un cycle intitulé more shoes more boots more garlic. Également titre de l’exposition, cette citation, dont l’artiste a fait un leitmotiv durant la réalisation de ses projets, est extraite du film documentaire de Les Blank Werner Herzog Eats His Shoe (1980) et évoque la création de gestes radicaux par le réalisateur, acteur et metteur en scène allemand.

12 juin au 19 sept, Villa Arson, Nice. Rens: villa-arson.org

(photo Une : performance d’Otobong Nkanga © DR)