Le réel merveilleux de Giacometti

Le réel merveilleux de Giacometti

« La peinture [est] un moyen de tâcher de comprendre ce qui m’attire et m’émerveille dans n’importe quel personnage », disait le peintre et sculpteur Alberto Giacometti (Diderot et Falconet étaient d’accord, 1959). C’est justement au sujet de cet émerveillement que le Grimaldi Forum a choisi d’axer sa rétrospective sur Giacometti, du 3 juillet au 29 août.

Intitulée Le réel merveilleux, l’exposition retrace le parcours de l’artiste et propose, grâce à un prêt exceptionnel de la fondation Giacometti, pas moins de 230 œuvres. De quoi véritablement faire connaissance avec le peintre sous toutes ses dimensions, une sorte de Giacometti multifaces qui mélange les genres et les matières à l’infini.

On retrouve donc ses œuvres de jeunesse, mais aussi celles de la période surréaliste, de la figuration à l’abstraction, entre peintures, dessins, estampes et sculptures. Un tourbillon dans la vie légère et exaltante d’Alberto, une exposition qui retrace les contours de son atelier. On y perçoit la progression, l’évolution, le moindre coup de pinceau. Tout y est, ou presque.

Giacometti cherche à nous communiquer ce qu’il appelle « émerveillement » grâce à des œuvres basées sur son propre réel : il n’est pas le premier à montrer qu’il y a un lien entre l’artiste et le spectateur, une universalité dans l’art. La rétrospective entre au cœur de l’intimité de l’artiste, et de ses amis proches comme Diego ou sa femme Annette. Il épouse cette dernière en 1949 et elle devient un de ses modèles fétiches : « (…) j’aimerais vous faire poser des mois durant », écrivait Alberto au sujet de sa muse.

On retrouve également l’œuvre iconique du sculpteur, L’homme qui marche, la silhouette d’un homme léger, frêle, qui vient contrebalancer celle massive des sculptures habituelles. Cet homme qui marche ne pèse rien, il tient tout juste en équilibre sur ses jambes, il vient confirmer la légèreté de l’artiste.

Giacometti était un proche du groupe surréaliste dans le Paris des années 30, notamment d’André Breton, on retrouve donc dans son œuvre les thèmes du hasard, de l’errance, de la folie qui mènent à une « convulsion », un « émerveillement ». C’est justement de cette beauté réelle, tordue et merveilleuse dont il est question chez Giacometti. «La beauté sera convulsive ou ne sera pas», écrivait Breton dans Nadja (1928). Alors, prêts pour cet émerveillement ?

3 juil au 29 aou, Grimaldi Forum, Monaco. Rens : grimaldiforum.com

(photo : Alberto Giacometti, L’homme qui marche II, 1960, Plâtre, 188,5 x 29,1 x 11 cm, Collection Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti, Paris + ADAGP, Paris) 2021)