
17 Juin She-bam pow pop wizzzz
Quoi de plus percutant que ce She-bam pow pop wiz, emprunté à Gainsbourg et chanté par Brigitte Bardot, pour mettre en lumière et en images ces Amazones du Pop Art que célèbre le MAMAC pour son 30e anniversaire ?
Et ce sont bien des flashs lumineux et des couleurs arc-en-ciel qui rythment les oeuvres de la trentaine d’artistes femmes souvent ignorées dans l’histoire de cette folle énergie des sixties. C’est justement Brigitte Bardot qui inaugure ce parcours, suivie de Jane Fonda, la première s’illustrant plus tard par la défense de la cause animale tandis que la seconde s’engagera pour la défense des minorités. Car les années 60 sont celles du rythme, des utopies politiques et d’une volonté de libération. Et avec les artistes du pop, on a célébré le « meilleur des mondes », celui du consumérisme, de la publicité, du spectacle à outrance, tandis que parallèlement ceux du Nouveau Réalisme s’attaquaient avec colère aux déchets de cette société. Les paradis aux belles découpes colorées des artistes pop ne préfigurent-ils pas la fiction d’Aldous Huxley ? Et le désir féminin qui s’affiche parfois ici peut-il s’accorder au désir du Coca Cola ?
L’exposition est passionnante en ce qu’elle dit de ce mouvement artistique quand la seule parole masculine était audible et nous découvrons pourtant nombre d’artistes femmes qui, telles quelles, s’engagèrent dans un discours sur la féminité. En 1957, le peintre Motherwell refusa que Idelle Weber participât à ses cours au prétexte que, désirant enfants et mari, elle ne pourrait devenir artiste. Malheureusement absente de cette exposition, celle-ci devint pourtant, avec ses silhouettes sombres, son esthétique plate et sa représentation des codifications sociales dans le monde du travail, l’une des représentantes les plus originales de cette mouvance.
Cependant les principales artistes du pop art sont ici présentes avec leur authentique virulence et le parcours, très diversifié, s’organise autour des thématiques issues des mass-médias, les comics, la science-fiction, l’érotisme avec Evelyne Axell ou Dorothy Iannone, les héros de pacotille ou les servitudes quotidiennes chez Martha Rosler. Quelques artistes, plus en marge du pop art comme Lourdes Castro, Louise Nevelson, Judy Chicago ou Niki de Saint-Phalle nous permettent de mieux comprendre l’ambiguïté d’un moment artistique où, par surcharge du décoratif, on célébra parfois ce que l’on dénonçait. Elles permettent aussi de faire le lien avec le courant du Nouveau Réalisme. Le point de vue féminin apporte ici sans nul doute un engagement plus direct et permet de mieux comprendre l’aventure du pop art. Espérons que l’exposition permettra à certaines artistes d’accéder enfin au fameux moment de célébrité promis par Andy Wahrol !
Jusqu’au 29 aou, MAMAC, Nice. Rens : mamac-nice.org
(photo : Vue de l’exposition She-Bam Pow POP Wizz ! Les Amazones du POP, Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice (MAMAC), 3 octobre 2020 – 28 mars 2021 © Cécilia Conan)