07 Sep Saint–Paul de Vence : terre d’accueil
C’est la nouvelle venue à St Paul de Vence. On connaissait la Fondation Maeght, la Biennale, il faut désormais compter avec la Fondation CAB, antenne française du centre bruxellois éponyme, qui présente un regard sur sa collection et une première exposition temporaire : Structures of radical will.
Dès l’entrée, le ton est donné. Des lignes rouges délimitent un espace dans lequel le visiteur doit physiquement s’insérer pour en percevoir la cohérence puisque telle est la démarche de Felice Varini. La perception, c’est-à-dire la présence d’un corps non matérialisé, est bien ce qui se joue entre le minimalisme et l’art conceptuel dans la Fondation CAB à Bruxelles, depuis 2012. Le corps résulte alors d’une interaction, de l’œuvre à la pensée mais, surtout, de ce qui se réalise entre l’artiste et celui qui la contemple et, au-delà, entre le sujet et le corps social. Ce rejet de la figure, cette hésitation de la matière se lisent aujourd’hui à St Paul dans cette nouvelle Fondation CAB à quelques encablures de la Fondation Maeght.
L’exposition Lightness of being est ce premier regard sur une collection qui rassemble les incontournables de ce mouvement : Robert Mangold, Carl Andre, Dan Flavin Laurence Weiner, On Kawara, John Armeleder et, pour la France, Buren, sans oublier la Suisse avec Toroni. Nous sommes en territoire connu, mais l’intérêt se détourne vers d’autres artistes qui leur font écho alors qu’on cherche à s’étonner de ce qui serait de l’ordre de l’incidence ou de l’incident. L’attention se déporte alors sur des artistes plus rares, tels Philippe Decrau-zat, Heimo Zobernig ou Ariane Loze.
Structures of radical will, par son titre, renvoie quant à elle aux références historiques pour ces mouvements qui ont bouleversé l’art de la seconde moitié du XXe siècle et à la critique qu’elles ont elles-mêmes pu susciter. Cette exposition temporaire poursuit avec brio ce jeu de cache-cache entre le sujet et la neutralité. La notion d’environnement est plus présente et semble se confondre, parfois ironiquement, avec les travaux de Morellet dans ses implications sociales et politiques. A la virulence d’André Cadere, répondent des œuvres plus énigmatiques ou légères tels les réseaux de métal ciselé de Daniel Steegmann Mangrané qui se déploient comme une nébuleuse pour nous rappeler qu’ici tout est affaire de perception. Les artistes réactivent l’instant historique d’un mouvement à partir de productions plus récentes pour une relecture qui donne un nouveau sens à ce qui révolutionna le monde de l’art.
Jusqu’au 7 nov, Fondation CAB, St Paul de Vence. Rens : fondationcab.com