Ce que la vie doit à la danse

Ce que la vie doit à la danse

Les Ballets de Monte-Carlo sont prêts à offrir une fin d’année 2021 éblouissante en conviant le public à trois rendez-vous incontournables.

Ne jamais cesser d’y croire. S’entraîner comme si demain les lumières de la scène devaient à nouveau habiller les danseurs et les applaudissements fuser. Malgré le doute, l’incertitude, continuer encore et toujours à créer, échafauder, se projeter. C’est grâce à cette volonté tenace qui caractérise Jean-Christophe Maillot que les Ballets de Monte-Carlo sont en capacité de proposer au public une fin d’année éblouissante. Ce dernier trimestre 2021 renoue avec trois grands rendez-vous pour la saison d’hiver : une programmation en octobre, le retour du Monaco Dance Forum en décembre et un grand ballet pour les fêtes de fin d’année. Entre-temps, la compagnie aura repris le rythme des tournées en se rendant à Dubaï dans le cadre de l’Exposition Universelle avant de retrouver le prestigieux théâtre de La Fenice de Venise pour cinq dates.

Retour à la Salle Garnier

C’est dans la salle de l’Opéra de Monte-Carlo que Jean-Christophe Maillot a fait ses premières armes en tant que chorégraphe pour la compagnie monégasque, avant de bénéficier de l’espace déployé par le Grimaldi Forum. Au mois d’octobre, Roméo et Juliette reverra donc le jour à l’endroit même où le ballet fut créé pour la première fois le 23 décembre 1996. Une histoire d’amour qui depuis cette date a parcouru le monde et a été inscrite au répertoire de sept compagnies majeures. Je me souviens aussi, avec émotion, de la 200e représentation donnée sur les Terrasses du Casino dans la douceur d’une nuit d’été. Tout simplement magique ! Roméo et Juliette est devenu l’une des œuvres emblématiques du chorégraphe. Désormais, de nouveaux danseurs ont pris la relève et proposent un regard autre sur le ballet en y apportant leur physionomie et leur propre personnalité. La programmation d’octobre sera d’ailleurs l’occasion pour le chorégraphe de se pencher sur sa propre histoire. À 61 ans, sa soif de création demeure intacte, nourrie par une vitalité qu’accroît le temps qui passe. Bach on track 61 nous réserve bien des surprises. Cette création sera précédée de In Memoriam chorégraphié par Sidi Larbi Cherkaoui dont la transe contemporaine subjugue à chacun de ses passages.

Les rendez-vous du Monaco Danse Forum

L’une des volontés du directeur des Ballets de Monte-Carlo est également d’offrir au public des spectacles de qualité en invitant des compagnies internationales qui permettent d’appréhender la danse sous des angles variés. Même si l’on ne peut pas encore parler d’une réouverture totale des échanges culturels à travers le monde, des opportunités sont déjà possibles et permettent de belles découvertes. Comme L’Heure exquise de Maurice Béjart qui réunit Alessandra Ferri et Carsten Jung. À l’origine, le chorégraphe avait créé cette pièce en 1998 pour Carla Fracci, en s’inspirant d’un texte de Samuel Beckett pour le transposer dans l’univers de la ballerine. Alors qu’elle a fêté ses 40 ans de carrière, Alessandra Ferri porte désormais ce rôle chargé d’intensité et de sensibilité.

Tout autre est l’univers dans lequel proposent de plonger les Italiens de l’imPerfect Dancers Company. Une petite dizaine d’années lui aura suffi pour occuper le devant de la scène et sa création Hamlet, à l’interprétation poignante, nous en fait comprendre les raisons. Parce que l’objectif du Monaco Dance Forum est de montrer la danse dans sa toute diversité, il est possible de passer de l’intensité dramatique de Hamlet à l’explosion vitale à laquelle nous invite Hervé Koubi avec Ce que le jour doit à la nuit. Lorsque le chorégraphe est parti sur les traces de ses origines, il était probablement loin de penser qu’il en reviendrait avec une pièce chorégraphique qui ferait salle comble pendant des années, y compris auprès de l’exigeant public new-yorkais. En plongeant dans l’inconnu d’un pays dont il ignorait tout, Hervé Koubi s’est nourri de rencontres et d’inspirations nouvelles. Il est revenu d’Algérie en compagnie de danseurs autodidactes avec lesquels il a créé un voyage chorégraphique unique chargé d’une énergie communicative.

Pour clôturer cette semaine particulièrement intense, La danse du soleil offrira un moment de pure beauté. Le chorégraphe Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola bouleverse les codes en invitant sur scène 30 musiciens avec lesquels le danseur fait naître une véritable alchimie créant un univers envoûtant.

La saison d’hiver s’achèvera par une programmation festive du 28 décembre au 5 janvier : la Salle des Princes du Grimaldi Forum vibrera du bonheur de danser et des émotions données en partage. Casse-Noisette Cie est un ballet malicieux et enjoué dans lequel se retrouve, à travers une multitude de clins d’œil à son répertoire, tout l’esprit qu’insuffle Jean-Christophe Maillot depuis son arrivée à la tête de la compagnie en 1993.

21 oct au 5 jan, Opéra de Monte-Carlo & Grimaldi Forum, Monaco. Rens: balletsdemontecarlo.com

(photo : L’heure exquise © ASH)