03 Nov L’art et la révolte : hommage à Albert Camus
Un certain virus obligea le report d’une année des nombreux événements qui devaient célébrer Albert Camus, figure majeure de la vie intellectuelle française du XXe siècle, prix Nobel de littérature en 1957, disparu brutalement en 1960 dans un accident de voiture. Curieuse coïncidence que cette pandémie pour l’auteur de La Peste, œuvre prémonitoire s’il en est. Camus voulait en faire une sorte de mythe moderne de cette métaphore de toutes les menaces qui peuvent peser sur une société. D’une incroyable actualité avec les idées « brunâtres » qui parsèment notre actualité.
Pour respecter la volonté de ce géant des lettres d’être accessible à tous : spectacles, concerts, lectures, projections, expositions et ateliers dans les lieux culturels de la Ville de Nice célèbrent la mémoire de l’écrivain français le plus traduit dans le monde et le plus lu par les jeunes, jusqu’en février 2022.
Dès le 13 novembre 2021, l’Opéra de Nice accueillera la création d’une figure emblématique d’une jeunesse insoumise : Abd Al Malik. Rappeur, poète, auteur-compositeur interprète, romancier, metteur en scène et réalisateur français, amoureux de l’œuvre d’Albert Camus, il proposera une lecture poétique, musicale et en images avec le spectacle L’Art et la Révolte, spécialement créé pour l’Opéra. « J’ai découvert Camus à l’école, à 12 ans, confie-t-il, puis j’ai lu toute son œuvre. C’est comme si je rencontrais un grand de ma cité. (…) Je l’ai vécu ainsi parce qu’on vient du même milieu socio-culturel, finalement. Lui a grandi à Belcourt, dans l’équivalent d’une cité, moi, j’ai grandi dans une cité. Il a été élevé par une mère seule, moi aussi. Il a été repéré par des enseignants, moi aussi. Il dit que la culture, en substance, l’a arraché de sa condition, moi aussi, etc. Il y avait un effet miroir qui faisait que Camus, c’était un gars de ma cité. (…) Il y a chez Camus à la fois une dignité, mais aussi un combat contre toutes les formes d’injustice. Toujours être du côté des victimes, d’une certaine manière, mais en même temps, ne jamais être ni victime ni bourreau. J’ai grandi comme ça et ça a façonné ma manière de voir le monde et mon rapport aux autres ». Abd al Malik sera sur scène pour une performance entre théâtre, déclamation poétique et chanson, accompagné par l’Orchestre philharmonique de Nice, un chanteur et un danseur.
Autre temps fort de cet hommage, au Théâtre National de Nice, le 24 novembre, pour une invitation à un véritable voyage à travers les paysages et la langue de Camus avec l’Orchestre Philharmonique, le choeur de l’Opéra et le Conservatoire de Nice réunis pour une grande soirée en deux parties. « Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible »… Vous aurez peut-être reconnu ces quelques mots extraits du bouleversant Retour à Tipasa, composé par Henri Tomasi, qui ouvrira la soirée. Cantate profane pour récitant, chœur d’hommes et orchestre, il est bâti sur l’un des essais de L’été d’Albert Camus qui exprime l’amour pour cette terre d’Algérie chère à son cœur, où il puise chaque fois énergie régénératrice et espérance. Créée en réponse aux perturbations sociales et politiques de l’Europe du 20e siècle, elle est aussi l’affirmation de l’appartenance méditerranéenne commune à Camus et Tomasi. Suivra Bohemian Rhapsody, écrite par Freddie Mercury, mais inspirée par L’Étranger deCamus. Sur des arrangements et la direction musicale de Thierry Muller, le groupe de musiques actuelles du Conservatoire de Nice aura la lourde tâche d’interpréter ce monument musical de Queen.
La 2e partie révélera une part plus intime de Camus : sa correspondance avec l’actrice Maria Casarès, lue par Muriel Mayette-Holtz et Augustin Bouchacourt. Leur correspondance croisée révèle quelle fut l’intensité de leur relation intime alors qu’ils ne vécurent jamais ensemble, Camus étant marié. Le même soir, Frédéric de Goldfiem, Jonathan Gensburger et Sophie de Montgolfier donneront Dissonnances Camus, un vrai-faux programme radiophonique, enregistré en public et en direct, qui s’intéressera à Camus, la complexité de l’homme et la portée de sa pensée.
D’autres rendez-vous avec l’auteur français vous attendent, et ils sont nombreux : Les Carnets d’Albert Camus, écrits entre 1935 et 1959, par la Cie Oléa au Théâtre Francis Gag, qui révèle Camus face à lui-même, et un Cycle Albert Camus au cinéma à la Cinémathèque de Nice, en novembre. Puis suivra un cycle d’événements hommages – lectures, conférences, expositions, ateliers – à la Bibliothèque Nucéra jusqu’en février 2022
De nov 2021 à fév 2022, Opéra de Nice, TNN, Cinémathèque, Bibliothèque Nucéra. Rens: nice.fr
(photo Une : Abd Al Malik © DR)