Clown(e)s not dead

Clown(e)s not dead

Un petit « e » qui change tout ! Le festival imaginé par Le Pôle, dans le Var, met cette année les femmes clownes à l’honneur, jusqu’au 18 décembre.

« Ce n’est pas facile de faire rire en tant que femme. Les gens sont mal à l’aise de rire d’une femme qui s’amuse à être ridicule même si c’est bien fait« , a dit Roxanne de Bruyn, alias la clown Greta, prestigieuse comédienne québécoise. Si aujourd’hui la chose semble banale (ou presque), il en aura fallu du temps – et de l’imagination – pour que la gent féminine se fasse une place dans un milieu historiquement masculin. Il aura fallu braver de nombreux stéréotypes culturels, à commencer par la définition même du mot clown, emprunté à la langue anglaise, qui signifie « homme rustre » … Car dans l’imaginaire collectif, le clown évoque une figure masculine balourde et grotesque, tandis que la femme incarne l’élégance et la beauté. Quant au concept d’humour, défini en tant que pratique sociale, il marque encore plus la différence, la femme étant perçue comme un être passif et réceptif, à l’inverse de l’homme, actif et producteur. Vous connaissez l’adage : « femme qui rit… » Bref, à contre-courant de toutes ces données sociologiques, et pour célébrer le talent de ces dames à nous faire rire, le festival Clowns not Dead s’intitule cette année Clown(e)s not Dead, en proposant une programmation 100% féminine !

Lancée au début du mois, la manifestation se poursuit jusqu’au 18 décembre. Il y en aura pour tous les goûts : de ce personnage au nez rouge et à la silhouette dégingandée qui se livre à nous dans Alpha-bête par le biais de dérapages linguistiques incontrôlés, à la classieuse Jackie Star, demoiselle qui disserte sur l’élégance et la beauté, jusqu’à ce que tout parte en cacahuète… En passant par Hélène Ventoura qui veut faire Ami-ami avec tout le monde, quitte à dire n’importe quoi, dans ce qui pourrait s’avérer être une opération de séduction massive aux nombreux dommages collatéraux… Et que dire de l’immense Arletti, interprétée par Catherine Germain, et son mythique spectacle Le 6e jour, mis en scène par Françoise Cervantès. Un tour de force poétique autour de la Genèse, qui tourne depuis 1995 !

Enfin, il y a Foucade, imaginé par Caca nerveux production. Avec un nom pareil, je pourrais m’arrêter là, mais non… Ce spectacle est défini comme un « solo cru et sucré de pudeurs à géométries variables pour clowne bouffonne« , où Foucade, alter ego de l’artiste Elsa Foucaud, nous parle – ou plutôt part dans des digressions – sur les désordres de la vie, sur l’enfance, l’amour, la sexualité… Mais attention, c’est un show « pour adultes consentants et enfants sauvages (ou enfants de hippies, ou enfants qui frappent leurs poupées), adolescents qui font « ouaich », vieux avec ou sans sexualité apparente, chiens qui se prennent pour des chats qui se prennent eux-mêmes pour des poulpes… » Bref, déconseillé au moins de 14 ans !

Jusqu’au 18 déc, Le Revest, Le Pradet, Toulon, La Garde. Rens: le-pole.fr

(photo : Foucade © Oofzos)