07 Déc Le méconnu corsaire de Verdi
Dans l’abondante production de Verdi, il est des trésors encore méconnus du compositeur. Et c’est tant mieux ! Grâce à l’Opéra de Monte-Carlo, voici l’occasion de découvrir en version concert un opéra rarement joué : Il Corsaro (Le Corsaire), œuvre lyrique puissante et romantique composée par le maître italien à partir d’un poème à succès de Lord Byron inspiré d’un voyage en Grèce.
Des pirates, un amour tragique, tous les ingrédients sont réunis pour titiller l’imagination. Bien que l’opéra soit peu connu, la plus connue des cantatrices, Maria Callas, en a interprété l’un de ses rôles principaux, Medora, l’amante du Corsaire. Et le ténor José Carreras gravé le magnifique air de Corrado à l’acte II, Eccomi prigioniero.
Il corsaro, créé à Trieste en 1848 dans une période où Verdi ne savait plus où donner de la tête, vous en apprendra un peu plus sur le cheminement artistique du compositeur. La composition est parsemée de belles pages comme le Prélude ou la scène de la prison et le trio final, qui en préfigurent bien d’autres. « Au-delà de la sensuelle beauté de ses cavatines et de l’allant irrésistible de ses cabalettes, on se risque peu à parier que le public y trouvera mille raisons de vibrer et de s’émouvoir« . Jean-Louis Grinda, dont c’est la dernière saison à l’opéra de Monte-Carlo, a confié le rôle du Corsaire, Corrado, au ténor italien Giorgio Berrugi. « J’ai fait une production de La Bohème à Oman avec lui et il avait été vraiment épatant. C’est un très bon chanteur avec une très jolie voix et une bonne technique, mais aussi une belle ligne et un beau legato. Comme Irina Lungu (Medora) et Artur Ruciński (Seid) ont des qualités similaires, cela devrait marcher !«
Le contexte
L’œuvre a souffert de la réputation liée à ces « années de galère » décrites par Verdi. En effet, après le formidable succès de Nabucco en 1842, le maestro va créer 16 opéras en 10 ans, travaillant sans relâche pour satisfaire les nombreuses commandes des directeurs d’opéra, désireux de répondre aux attentes d’un public enthousiaste. Tout le monde réclame du Verdi et les œuvres s’enchaînent à un rythme effréné jusqu’à La Traviata en 1853, point d’orgue d’un effort si épuisant qu’on a parfois annoncé la mort de Verdi… Fasciné depuis longtemps par le long poème épique The Corsair du poète anglais Lord Byron, Verdi envisage sérieusement d’en faire la base d’un opéra. Il Corsaro, créé trois ans avant Rigoletto, est un opéra dramatique en trois actes composé durant l’hiver 1847-1848, d’une durée particulièrement courte au vu du corpus « verdien ». Verdi traite pour la première fois une situation contemporaine.
Le pitch
Le corsaire Corrado, réfugié sur une île de la mer Égée, décide de mener une offensive contre le Pacha Seïd. Il fait ses adieux à sa bien-aimée Medora, souffrante, torturée par un mauvais pressentiment. Peu de temps après, il se vérifie : Corrado est capturé par son adversaire. Il réussit à s’échapper grâce à la favorite du Pacha Seïd, Gulnara (Roberta Mantegna), qui tombe bien sûr follement amoureuse de lui et l’aide à s’enfuir en tuant le Pacha. Par malheur, Medora perd espoir et se tue, persuadée à tort que son amant est mort. Elle meurt dans les bras de Corrado qui met à son tour fin à ses jours, laissant Gulnara, seule, accablée de chagrin.
12 déc 15h & 14 déc 20h, Auditorium Rainier III, Monaco. Rens: opera.mc