Pas touche !

Pas touche !

En janvier, le Théâtre Liberté accueille la première de Pelléas et Mélisande version piano – chant, d’après l’opéra de Debussy, tiré du théâtre de Maeterlinck. Initiée par les metteurs en scène Moshe Leiser et Patrice Caurier, cette production est l’aboutissement d’un projet de longue haleine conduit en partenariat avec la Fondation Royaumont.

Il était une fois, il y a fort longtemps, une ravissante princesse sortie de nulle part, qui pleurait au bord de l’eau, perdue dans une sombre forêt. Passant dans le coin, un chasseur, égaré lui aussi, s’approche et dit : « Je suis le prince Golaud – le petit fils d’Arkël, le vieux roi d’Allemonde« . Séduit par sa grande beauté, notre homme convainc l’énigmatique enfant, qui ne voulait plus de sa couronne tombée à l’eau, de le suivre. Ni une ni deux, il l’épouse et ramène Mélisande au château. Présentation à son demi-frère Pelléas. Coup de foudre… Entre eux, bien plus jeunes que le déjà grisonnant Golaud, nait une connivence amoureuse qui les dépasse malgré les gestes barrières de rigueur. Sauf que rien ne s’oppose à la nuit, encore moins au désir…

Depuis sa fenêtre, Mélisande déploie la cascade de sa chevelure opulente : « Mes longs cheveux descendent jusqu’au seuil de la tour« . Pelléas est chaud bouillant : « Je les tiens dans les mains, je les tiens dans ma bouche…« . Mais surgit Golaud qui met fin à ce petit jeu innocent : « Ne jouez pas ainsi dans l’obscurité. Vous êtes des enfants… » Et dans les souterrains du château, bien vénère, il menace son frangin : « Sentez-vous l’odeur de mort qui monte ? » Dès lors, Golaud sombre dans une espionnite aiguë, utilisant son jeune fils Yniold, pour tout lui raconter. Pelléas décide de mettre les voiles, mais avant, retrouve Mélisande pour un dernier rendez-vous. En planque, Golaud encore, se rue sur son frère et l’embroche. Mélisande s’enfuit. La voilà gisante, aux portes de la mort, veillée par Arkël qui lui présente la petite fille qu’elle vient de mettre au monde, et Golaud, incurable névropathe qui, jusqu’à la fin, veut encore savoir si elle et Pelléas ont concrétisé. Il n’aura pas la réponse. À tout jamais indéchiffrable, l’énigmatique Mélisande quitte la vie et le mari coupable de féminicide.

La première de l’unique opéra de Debussy fut donnée le 30 avril 1902. Dès le lendemain, la critique arma ses plumes, dont Louis de Fourcaud, dans le Gaulois : « Le rythme, le chant, la tonalité, voilà trois choses inconnues à M. Debussy et volontairement dédaignées par lui. » Mais, visionnaire, Henry de Bauër du Figaro écrira : « Aujourd’hui ou demain la partition de Debussy s’imposera. (…) et vous consacrerez cette œuvre si passionnément artiste, si jeune, si pure et tendre, d’inspiration, d’expression« . Le génie a toujours raison.

15 jan 20h30, Théâtre Liberté, Toulon. Rens: chateauvallon-liberte.fr