25 Jan « Si c’est ça l’rap game, j’dois être le boss de fin »
Son truc, ce sont les punchlines ! OrelSan a écrasé le rap game ces derniers mois. Si son concert prévu en février au Nikaia est reporté en mai, un petit conseil en attendant : prêtez une oreille à sa dernière livraison…
Comme il le dit lui-même, modestement, dans cet extrait de Jimmy Punchline qui nous a servi de titre : il est fort OrelSan ! Le mec est parvenu en une dizaine d’années à se faire apprécier et respecter tout autant des purs fans de rap, que de ton oncle René, ou de ta bande de potes pour qui une musique sans guitares, « c’est de la merde ! »… Pour être clair, son 4e album, Civilisation, s’est vendu à plus de 160 000 exemplaires en 10 jours. Quasiment jeu égal avec Les Enfoirés, les plus gros vendeurs de l’Hexagone.
S’il est bien une chose à même d’expliquer une telle popularité, c’est qu’Aurélien Cotentin, son vrai nom, semble être quelqu’un de simple : on le constate dans le documentaire Ne montre jamais ça à personne, réalisé par son propre frère Clément, à partir de vidéos qu’il compile depuis l’adolescence quand son brother n’était qu’Aurel’ (sans le San, qui signifie Monsieur en Japonais), un jeune branleur, veilleur de nuit, cohabitant avec des collègues – les mêmes qu’aujourd’hui – dans un appart’ de Caen et tentant laborieusement de percer dans le hip-hop…
OrelSan a aussi beaucoup d’humour et pratique le second degré. Humour parfois mal compris, comme les nombreuses polémiques – souvent reprises à leur compte par les politiques en mal d’exposition médiatique – l’ont pointé : de Sale pute à La Saint-Valentin, délires de jeunesse à prendre au 15e degré, jusqu’à L’odeur de l’essence, son excellent dernier single. Le bonhomme a un impact tel que le très sérieux Clément Viktorovitch, politologue intervenant sur l’antenne de France Info, a dédié une de ses chroniques Entre les lignes (où il décrypte les discours et analyse les paroles des politiques) à ce morceau d’OrelSan, qu’il juge « hautement rhétorique ». Un titre où le normand nous livre sa vision de l’état du monde, marqué selon lui par la xénophobie, l’angoisse climatique et la dégradation du débat public.
En fait, son évolution suit plus ou moins (pour le moins, on peut citer l’argent) celle du français moyen : des errements festifs du jeune adulte dans son 1er album Perdu d’avance, aux questions plus sérieuses que se pose celle ou celui qui pense à fonder une famille dans un monde en déliquescence, avec ce nouvel opus Civilisation… Globalement, on est assez loin des ego trip et autres concours de quéquettes que nous réserve parfois le milieu du rap. Même si le Duc de Boulogne, Booba himself, vient juste de le clasher gratos sur les réseaux sociaux ! Si ça, c’est pas un signe de succès…
6 mai 20h, Nikaia, Nice. Rens: nikaia.fr
(photo : OrelSan © Alice Moitie)