30 Jan Décollage imminent
Initiée par le Centre Français de Production Lyrique, cette production, qui passera par l’Opéra de Nice, remet au goût du jour un opéra de Jacques Offenbach très rarement monté ces dernières années par les scènes lyriques.
Propulsé par le succès des Voyages extraordinaires de Jules Verne, Offenbach crée en 1875 cet opéra-féerie. Le Roi Vlan, pour faire plaisir à son prince de fils, le bien nommé Caprice, entreprend de voyager jusqu’à la Lune dans un obus tiré par un canon. Bien sûr, rien ne se passe comme prévu, et l’aventure sur l’astre censément inhabité devient une suite de situations aussi invraisemblables qu’abracadabrantes.
Malgré son nom, cette œuvre de Jacques Offenbach ne raconte pas la même histoire que le film éponyme de Georges Méliès, ni celle des romans de Jules Verne. L’opéra entier est également présenté comme un tournage, avec des techniciens et preneurs de son traversant de temps à autre le plateau. La mise en abyme permet de belles idées de mise en scène, comme ce premier acte scruté au travers de l’obturateur d’une caméra. Comme souvent, les dialogues du livret sont coupés ou réadaptés pour mieux coller à l’époque : les allusions au conseil scientifique et aux épidémies…
Écrit dans le genre de l’opéra-féerie, qui permettait de mettre en avant les innovations techniques du temps (entre autres, les débuts de l’électricité au théâtre), l’ouvrage installe la fantaisie la plus débridée dans le creuset même du progrès technique, pour lequel le 19e siècle, celui des ingénieurs, nourrissait une foi fervente. Mais, comme souvent chez Offenbach, la fable morale et la satire sociale ne sont jamais bien loin, et ce Voyage dans la lune du roi V’lan, en compagnie de son fils Caprice et de son ministre Microscope, renouvelle l’artifice de l’étrangeté pour mieux s’amuser des travers temporels et intemporels de l’humanité. Le metteur en scène Olivier Fredj choisit de montrer l’envers de ce théâtre d’effets spéciaux en se souvenant du film de Georges Méliès. En collaboration avec l’illustrateur Jean Lecointre, il nous invite sur un vaste plateau de tournage qui fabrique les illusions à vue, pour mieux rendre hommage au pouvoir infini de l’imagination.
13 au 17 fév, Opéra de Nice. Rens: opera-nice.org
(photo : Le Voyage dans la Lune d’Offenbach © Marc Ginot)