05 Fév Hymne à l’indépendance
Istiqlal signifie indépendance en arabe. Confrontant son histoire familiale à celle des pays colonisés au Maghreb et au Moyen-Orient, Tamara Al Saadi a écrit et mis en scène ce spectacle burlesque et fantastique, présenté à Châteauvallon.
Leïla, jeune Parisienne d’origine irakienne, ne connaît pas l’arabe, la langue de sa mère, qui refuse de la lui transmettre. Istiqlal raconte la quête de la jeune femme, en couple avec un photographe de guerre, privée d’une culture orientale par une mère traumatisée, qui apprend en vitesse l’arabe pour comprendre ses racines. Le spectacle sonde le quotidien des deux amoureux, hanté par les fantômes de femmes des générations précédentes. D’autres questions vont alors faire surface. Pour quelles raisons devient-on photographe des drames humains ?
Pour écrire Istiqlal, Tamara Al Saadi s’est nourrie d’entretiens avec les femmes de sa famille, des reporters de guerre, des intellectuels irakiens et des chercheurs en sciences sociales. « Il s’agit de donner à voir les mécanismes de soumission, invisibilisés par la normalité de notre quotidien, raconter les ravages d’un passé colonial dans l’imaginaire et dans les chairs« , explique-t-elle. À travers l’histoire d’amour de Leïla et Julien, elle nous parle d’impérialisme colonial, de la filiation et des violences faites aux femmes.
Sans doute peu de gens savent que, dans les années 50, en Irak, le climat ambiant était de gauche et féministe ! Le pays adoptait alors le code du statut personnel (CSP), l’un des plus progressistes qui soit dans le monde arabe en matière de droits des femmes. 60 ans plus tard, et une invasion américaine plus loin, les reculs sont immenses… « Le déchaînement de violence qu’a connu le corps féminin durant les occupations coloniales résonne dans les sociétés contemporaines« . Le viol comme arme de guerre, à usage politique, s’est généralisé dans notre société contemporaine : ex-Yougoslavie, Rwanda, Haïti, Algérie, Afghanistan… Un retour à la barbarie qui vise à briser les familles, détruire les communautés, voire changer la composition ethnique d’une génération future, et que l’ONU n’a que partiellement reconnu.
25 fév 20h30, Châteauvallon, Ollioules. Rens: chateauvallon-liberte.fr
(photo : Istiqlal © Matthieu Ponchel)