Werther, héros romantique

Werther, héros romantique

L’Opéra de Monte-Carlo propose une nouvelle production du Werther de Jules Massenet, dans une mise en scène de Jean-Louis Grinda, avec dans le rôle-titre, le ténor Jean-François Borras, et, dans celui de Marguerite, la mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac.

À l’opposé du caractère par trop hétéroclite de Manon, Werther est pour beaucoup l’opéra le plus abouti et le plus réussi de Jules Massenet. Compositeur adulé de son vivant, rencontrant un énorme succès tant dans les milieux intellectuels que populaires (tout un chacun fredonnait ses mélodies ou les grands airs de ses opéras), par la suite, le compositeur français connut le mépris de l’intelligentsia, purgatoire dont il n’est jamais totalement revenu. « L’opéra de grand-papa« , désuet et ringard, voilà l’image qui lui est encore trop souvent accolée.

Lorsque Goethe publia ses Souffrances du jeune Werther, l’histoire de Charlotte et de son prétendant eut un succès tel qu’elle provoqua ce que l’on appela plus tard la « fièvre werthérienne », cause de suicides chez de jeunes gens prêts à tout pour imiter les héros romanesques. Plus d’un siècle plus tard, en plein Romantisme français, Massenet porta l’intrigue sur les planches et signait ainsi l’une de ses œuvres majeures. Un opéra dans lequel les larmes ne cessent de couler, où Werther le poète aime sa Charlotte d’un amour absolu, mais où la jeune fille ne peut le lui rendre, par devoir envers son époux…
Influencé à la fois par Gounod et Wagner, le compositeur puise chez l’un, la mise en avant des sentiments contrastés, et chez l’autre, le recours aux leitmotivs comme procédé formel. Il va cependant plus loin dans la recherche d’une extrême sensibilité, et à travers des nuances infimes, témoigne des états d’âme de ses personnages. D’une grande finesse, son écriture vocale est toujours en phase avec la prosodie de la langue française. Dès lors, par une pensée mélodique qui traverse tout l’orchestre (dirigé à Monaco par le jeune chef Henrik Nánási), donne-t-il au timbre une connotation sentimentale et agit en véritable coloriste de la palette orchestrale.

20 au 26 fév, Opéra de Monte-Carlo, Monaco. Rens: opera.mc
(photo : de gauche à droite, Henrik Nánási, Stéphanie d’Oustrac, Jean-François Borras)