Des racines et des ailes*

Des racines et des ailes*

Non, Jean-François Derec n’est pas breton. Cet humoriste habitué de la télé et de la radio livre un récit personnel, loin de ses sketchs habituels. Avec son spectacle Le jour où j’ai appris que j’étais juif, l’humour résilient et l’émotion délicate sont garantis.

Vous vous souvenez de Gérard Bouchard, englué dans les méandres du téléphone rose ? Derrière ce personnage, sec et naïf : l’humoriste Jean-François Derec. Pendant moult années, celui-ci est passé allègrement du théâtre, au cinéma, ou encore au seul en scène. Il a fait également les beaux jours de la télé et de la radio, du théâtre de Bouvard, des Grosses Têtes, ou encore comme chroniqueur, chez Laurent Ruquier.

Mais qui connaît l’écrivain Derec ? Et notamment Le jour où j’ai appris que j’étais juif, paru chez Denoël en 2007 ? De ce livre autobiographique, salué par la Presse, Derec a tiré la pièce éponyme, elle-même saluée par la critique théâtrale. « Comment, Gérard Bouchard, vous êtes juif ?« , pourrait encore s’étonner Louis de Funès. Avec le même étonnement, Jean-François Derec découvre à 10 ans sa judéité, sans comprendre ce qu’elle recouvre. Dans ses souvenirs, il évoque avec finesse ses parents, survivants juifs polonais, qui voulaient tout oublier, « se dissoudre » dans la France, jusqu’à couper leur nom Dereczynski en deux. Jean-François Derec l’a dit et écrit : « Je commence à peine à prendre en charge ce passé, et cela fait plus de 40 ans ! »

Soutenu par la maestria de son complice et metteur en scène Georges Lavaudant, l’acteur-auteur plaque une bonne dose d’humour sur du tragique. Le célèbre « humour juif », « pour supporter l’insupportable, l’humour de tous les opprimés d’ailleurs« , précise-t-il. Et de faire sienne la célèbre citation de Chris Marker : « l’humour, c’est la politesse du désespoir« . Pendant près d’une 1h15, la petite histoire, personnelle, raconte bien la Grande, universelle…

4 mars 20h30, Théâtre Georges Brassens, Saint-Laurent-du-Var. Rens: saintlaurentduvar.fr
(photo : Jean-Francois Derec © Philippe Hanoula)
*Proverbe juif : « On ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes«