Printemps des Arts de Monte-Carlo, le renouveau

Printemps des Arts de Monte-Carlo, le renouveau

Le Printemps des Arts de Monte-Carlo se déroulera du 10 mars au 3 avril 2022, sous la nouvelle direction artistique de Bruno Mantovani qui, au terme de 19 éditions, succède à Marc Monnet. Mêlant musique, danse, cinéma, ce premier opus de Bruno Mantovani à la tête du Festival, cette splendide édition 2022, s’affichera sous le titre d’un rondeau de Guillaume de Machaut : Ma fin est mon commencement.

Le Printemps des Arts de Monte-Carlo 2022 s’ouvrira avec cette œuvre chère à Bruno Mantovani, le rondeau de Guillaume de Machaut, fondateur de l’Art Nova, une nouvelle façon de faire de la musique : Ma fin est mon commencement, peut-être la première œuvre de musique répétitive, cyclique, de l’histoire de la musique écrite à la fin du 14e siècle.

L’intégration de nouvelles disciplines est par ailleurs « à l’ordre du jour » de cette édition : la danse, avec la Cie Michel Hallet Eghayan, l’œnologie avec un concert-dégustation offert par deux violonistes Hugo Meder et Gaspard Maeder, mais aussi le cinéma, autour d’un portrait de Sergei Parajanov, plasticien, cinéaste et réalisateur arménien. Nous l’évoquions déjà dans notre numéro de décembre, l’esprit du créateur et du pédagogue que fut un temps Bruno Mantovani, ne perd jamais de vue celui de l’organisateur : « Le public a besoin à la fois de repères et d’être surpris. Pour moi, composer un festival c’est comme composer une œuvre, c’est un savant équilibre entre la surprise et ce que l’on croit connaitre, et c’est la source du plaisir. »

Les traditionnels portraits d’artistes

Ainsi, deux portraits d’artistes seront dressés lors de cette édition, celui de Jean-Efflam Bavouzet, un pianiste magnifique de polyvalence, d’énergie, au répertoire colossal (Ravel, Debussy) qui offrira également un concert avec orchestre. Lors de deux récitals, il confrontera le jeune Haydn et le Debussy mature, et inversement, avec le jeune Debussy et le Haydn mature. Visibilité, énergie, générosité, un autre portrait sera consacré au Quatuor Voce pour lequel Bruno Mantovani a travaillé en tant que compositeur. De la musique de Mozart, mais aussi deux monuments de la musique française, les quatuors de Ravel et de Debussy.

S’il est un autre compositeur incontournable, c’est bien Jean-Sébastien Bach, père de la musique classique occidentale. Il sera à l’honneur avec un concert d’orgue donné par Eric Lebrun. Prokofiev sera présent dans le premier concert d’orchestre, avec l’Ensemble Gilles Binchois, mais on le retrouvera aussi à l’Opéra de Monte-Carlo, avec Pierre et le Loup, son œuvre peut-être la plus célèbre, dans une version jazzifiée par le Amazing Keystone Big Band.

Entre Russie et caucase…

La Russie sera présente avec les musiques de Prokofiev, Chostakovitch et Stravinsky. L’Arménie, pays martyr, sorti d’un conflit effroyable, mais pays qui a toujours eu une capacité créatrice impressionnante, sera également présente avec le Gurdjieff Ensemble. Cette formation expérimentale travaille, sans faire table rase de son passé, sur le répertoire séculaire de Komitas. Toujours dans la thématique régionale arménienne, création d’un ballet joué par l’Ensemble Orchestral Contemporain, commandée à deux compositeurs, arménien et franco-arménien, Aram Hovhannisyan et Michel Petrossian, avec l’aide du chorégraphe Michel Hallet Eghayan. Ce ballet propose un spectacle sur la culture Yasidi, une culture particulièrement marquée par les persécutions au cours des siècles.

Beaucoup de moments d’intimité avec de petites formations, mais aussi des moments de grandes masses orchestrales : l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous le magnifique chapiteau de Fontvieille, l’Orchestre National d’Auvergne, et, évidemment, l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, partenaire historique, sur un programme avec Renaud Capuçon, lequel proposera Sur un même accord, la petite pièce pour violon et orchestre de Dutilleux et les deux romances de Beethoven.

Création et modernité, porte-étendards

La création faisant partie de l’ADN du Printemps des Arts de Monte-Carlo, l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg sera accueilli lors du premier concert d’orchestre. De nouvelles œuvres d’un compositeur bien connu à Monte-Carlo, Yan Maresz, ainsi qu’une nouvelle partition de Bastien David, outre les deux commandes passées à Aram Hovhannisyan et Michel Petrossian, seront au programme.

Autre brin d’ADN du festival, selon Bruno Mantovani : la modernité. Ainsi, le centenaire de la naissance du compositeur Iannis Xenakis, personnalité marquante de la création musicale, également architecte, qui travaillait auprès de Le Corbusier, et inventeur de nouvelles formes, de nouvelles idées sonores, sera célébré avec l’ensemble qui porte aujourd’hui son nom, le Collectif Xenakis.

De l’Auditorium Rainier III au Théâtre des Variétés, en passant par le Cirque de Fontvieille, où Bruno Mantovani aura l’honneur de diriger l’Orchestre Philharmonique de Radio France, dans une création récemment écrite et sur la musique de deux compositeurs fil rouge, Chostakovitch et Stravinsky, indubitablement, la Principauté recèle de multiples trésors pour écouter la musique. « Il y a plein de lieux merveilleux, d’endroits chargés d’histoire et ils font partie de la programmation, car ils peuvent éclairer de façon différente l’écoute d’une œuvre », conclut Bruno Mantovani.

10 mars au 3 avr, Monaco. Rens: printempsdesarts.mc

(photo Une : Quatuor Voce © Sophie Pawlak)

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