03 Mar Ceux qui ne sont rien
Les Naufragés, c’est une plongée dans le quotidien des SDF parisiens, un âpre électrochoc contre l’indifférence… Cette œuvre d’Emmanuel Meirieu et François Cottrelle nous donne à écouter le témoignage d’un homme parti vivre avec les oubliés, les naufragés, les indigents.
Qui sont les marginaux ? Les mendiants, les SDF, les fracassés de la vie, les anti-héros… Emmanuel Meirieu porte à la scène une adaptation du best-seller de Patrick Declerck, Les Naufragés – Avec les clochards de Paris. Debout, seul sur scène, François Cottrelle nous entraîne des affres de la rue aux miasmes du centre d’accueil de Nanterre, par le biais des témoignages qu’il déroule face au public.
C’était en 1986, avec Médecins du Monde, que Patrick Declerk ouvrait la première consultation de psychanalyse destinée aux personnes sans abri. Fort de cette espérance insensée, il soignerait les âmes des clochards, pour les sauver de la maladie mentale et du désespoir. En plus d’un repas chaud, d’un comprimé, d’une couverture, il voulait donner à ces fous de pauvreté, ces fous d’alcool, l’écoute d’un psychothérapeute. Il passa ainsi 15 ans de sa vie à leurs côtés, 15 ans à les regarder vivre, à les écouter.
Témoignage violent, brut, d’une réalité insoutenable, aux antipodes des chromos ordinaires et des clichés qui donnent bonne conscience. Rien ne nous est épargné dans ce récit d’un quotidien fait de violence, d’alcool, d’odeurs mêlées d’excréments et d’urine, de corps plus lavés, de mauvais vins, de vomissure, de poux, de puces… De la folie qui ronge comme la lèpre… De la violence quotidienne et de la mort… Des surveillants sans une once d’humanité, qui insultent et passent au jet d’eau et aux balais-brosses, femmes et hommes…
15 mars 20h, Théâtre Anthéa, Antibes. Rens: anthea-antibes.fr
photo : Les Naufragés © Pascal Gely