Italia mia !

Italia mia !

Après une 35e édition déplacée à l’automne en 2021, les Journées du Cinéma Italien retrouvent leur place, en prélude au printemps. Rendez-vous donc du 12 au 26 mars à l’Espace Magnan, à Nice, pour une redécouverte du patrimoine cinématographique transalpin.

Il fut un temps, pas si lointain ma foi, où le cinéma italien était tout simplement le meilleur du monde : huit Palmes d’Or, sept Oscars entre 1957 et 1978 ! Visconti, Antonioni, Fellini, Pasolini et quelques autres de moindre renom avaient fait de la Botte une sorte d’archipel enchanté du celluloïd, une Terre promise de la cinéphilie. Ce merveilleux « été », fût-il suivi, comme il est d’usage, d’un lugubre automne, aura impressionné à jamais nos rétines : il demeure de cette promesse inaugurale quelque chose comme une croyance inarticulée en la magie pérenne de Cinecitta.

Rattachée au Royaume de Sardaigne jusqu’en 1860, française depuis lors, la ville de Nice était la mieux placée pour brandir haut la bannière du cinéma transalpin, et lui rendre justice en son crépuscule – qui est peut-être aussi une renaissance. Symboliquement, au reste, les Journées du cinéma italien proposées par l’Espace Magnan, y auront été inaugurées en une époque de déclin, sinon de décadence, puisque l’an de grâce 2022 verra s’y dérouler la 36e édition. Du 12 au 26 mars, le cinéma italien se dégustera al dente dans la cité des anges – propre à satisfaire tous les goûts, tous les appétits, et tous les regards.

Or, ce qui frappe lorsque l’on considère cette riche programmation, extrêmement diversifiée, c’est précisément la maigre place qu’y occupe cet âge d’or, évoqué auparavant. Deux films proprement patrimoniaux, Accatone de Pasolini (1961) et Nous nous sommes tant aimés de Scola (1974) – rien que ça ! –, témoigneront seuls de cette remémoration nostalgique.

Pour le reste, c’est l’énergie du présent qui prévaut. S’il y a au programme, et c’est heureux, le dernier film de Nanni Moretti, Tre piani – la séance du 18 mars étant précédée, dès 18h30, d’une conférence sur ce cinéaste –, ainsi que le grand succès public Nos plus belles années de Gabriele Muccino, une avant-première requiert l’attention des cinéphiles « upgradés » : A Chiara, du prometteur trentenaire Jonas Carpignano.

Des séances scolaires, des films pour les enfants, des comédies et des drames – parmi lesquels il convient de signaler Piccolo corpo, premier long-métrage intransigeant et hanté de Laura Samani, remarqué à la Semaine de la Critique en juillet dernier – viennent compléter une programmation éclectique et inspirée. Si l’âge d’or du cinéma italien ne reviendra probablement jamais, du moins est-il sorti de l’âge de pierre, pout notre plus intime satisfaction. Et la Squadra Azzurra millésimée 2022, récolte, somme toute, une mention très honorable.

12 au 26 mars, Espace Magnan, Nice. Rens: espacemagnan.com

photo : A Chiara de Jonas Carpignano © DR