
04 Mar « La musique est l’âme de la géométrie »
Cette citation est de Paul Claudel, une affirmation corroborée par l’artiste Camille Graeser dont l’approche de l’art concret privilégie justement le rythme musical et le sens poétique. Voilà pourquoi l’Espace de l’Art Concret (eac.) se devait de consacrer une exposition à son œuvre, la première dans une institution publique française.
Camille Graeser (1892-1980) est un peintre non-figuratif d’origine suisse et le principal représentant de l’art concret zurichois. Intitulée Devenir un artiste concret, cette exposition monographique proposée par l’eac. retrace le parcours de l’aîné des « Concrets zurichois », des premiers dessins jusqu’aux dernières œuvres, afin de rendre justice à l’artiste, méconnu en France. Couleurs primaires, peinture monobloc, toiles clairsemées pour rendre compte du vertige de l’espace et excès de géométrie ; l’œuvre de Camille Graeser répond aux codes et aux principes de l’art concret. Les toiles sont exclusivement non-figuratives, le sujet est absent, voire au-delà de l’œuvre. Cette dernière se laisse envahir par des figures géométriques colorées, tout en équilibre et en égalité, incisives et délimitées.
Soucieux d’inscrire sa collection dans une histoire de l’art concret, Gottfried Honegger a acquis dès 1956 une œuvre de ce pionnier de l’art concret suisse. Dans sa toile Musikale Valenz notamment, Camille Graeser développe une abstraction géométrique initiée par la « loxodromie », terme emprunté au vocabulaire mathématique, qui correspond au point de rupture entre la représentation picturale traditionnelle d’imitation et la peinture autoréférentielle. L’œuvre des Concrets est celle d’une quête de l’absolu !
L’exposition présente aussi des travaux d’artistes dont l’écho est direct à ceux de Graeser : les triangles multicolores de Max Bill ou les sphères psychédéliques de Verena Loewensberg, deux artistes précurseurs de l’art concret suisse. De manière générale, sont passées en revue les rencontres entre l’artiste et le Surréalisme, Allianz ou encore De Stijl. On constate alors un parcours structuré autour d’influences déterminantes, aboutissant à une œuvre profondément singulière.
12 mars au 12 juin, Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux. Rens: espacedelartconcret.fr
photo : Camille Graeser, Komposition II (Surrealistische Komposition II), 1937, Huile sur toile, 65 x 52 cm B 1937.1 Fondation Camille Graeser, Zurich © photo droits réservés © Adagp, Paris 2022