L’enfance de l’art théâtral

L’enfance de l’art théâtral

Longtemps perçu comme une simple distraction, le théâtre jeune public bénéficie aujourd’hui d’une vitalité exceptionnelle et d’un statut reconnu chez les professionnels du 6e Art. Ce n’est pas pour rien que l’École Régionale d’Acteurs de Cannes-Marseille (ERACM) proposera en mars, une succession de trois spectacles imaginés dans le cadre d’ateliers de recherche sur les écritures jeune public.

Nous sommes en 1969. Le Festival d’Avignon, dirigé par Jean Vilar, programme trois pièces à destination du jeune public, dont deux présentés par le Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine. C’est sans doute la première fois que ce « type » de spectacle est considéré comme autre chose qu’un art mineur ! C’est d’ailleurs Catherine Dasté, pionnière du théâtre jeune public, et qui lancera en 1989 Heyoka, le 1er Centre Dramatique National pour l’enfance et la jeunesse, à Sartrouville dans les Yvelines, qui se chargera de leur création…

Longtemps les enfants sont restés cantonnés à Guignol ou à Chantal Goya, et même si cette expérience avignonnaise date de 1969, jusqu’à il y a encore une vingtaine d’années, le théâtre jeune public ne jouissait pas d’une image très positive auprès des professionnels du 6e Art. Les choses ont bien changé, et de nombreuses compagnies font même le choix de se spécialiser dans cet univers en imaginant de plus en plus de spectacles à portée sociale, voire sociétale, destinés aux jeunes quoique parfaitement visibles par les adultes. Preuve en est avec l’ERACM qui, depuis la rentrée 2018, met en place un comité de lecture sur les écritures jeune public avec des auteurs, des professionnels et des dramaturges : des textes sélectionnés puis présentés au public, dans la cadre de la saison théâtrale de La Licorne, sous forme de lectures mises en espace, comme c’est le cas en mars et avril !

Florence et John ont perdu deux filles dans un accident de la route. Leurs jumelles, nées quelques années plus tard, manifestent d’étranges souvenirs. James, lui, réveille ses parents chaque nuit à cause d’un cauchemar récurrent où il est question d’un crash d’avion pendant une guerre… Se peut-il que nous portions les souvenirs d’êtres disparus ? Pourquoi ce cauchemar ? Enfant ou adulte, comment cheminer entre croyances, savoirs et opinions ? Voici le point de départ de : Extraordinaire et mystérieux, première des trois représentations proposées par l’Ensemble 29, constitué d’étudiants comédiens de l’ERACM. Inspirée de faits réels, la pièce du québécois Martin Bellemare, ici mise en scène par la Suissesse Florence Minder, élargit donc le champ de nos perceptions à travers l’histoire de deux familles et de leurs enfants, ou comment les morts tissent parfois des liens précieux avec les vivants. Nous savons grâce à Freud qu’il s’agit ici de ce « merveilleux » à la lisière de l’occultisme que produisent parfois les inconscients qui communiquent…

Voilà un petit aperçu de ce que propose de découvrir prochainement la saison de La Licorne, aux enfants de 10 ans et plus… La deuxième représentation, également inspirée d’un fait réel, celui d’une chorale d’enfants qui disparaîtra sans laisser de trace fin 1999, dans le massif de la Chartreuse, s’intitule Comme si nous… L’assemblée des clairières, d’après un texte de Simon Grangeat. Quant à la dernière, présentée en collaboration avec la Cie Les Veilleurs, il s’agit d’une création 2021 autour du texte de Daniel Danis, édité aux éditions L’École des Loisirs Théâtre : Cardamome.

Extraordinaire et mystérieux : 18 mars 19h30
Comme si nous… L’assemblée des clairières : 25 mars 19h30
Cardamome : 1er avr 19h30. Théâtre de La Licorne, Cannes.
Rens: cannes.com & eracm.fr

photo : Ensemble 29, Extraordinaire et mysterieux © Olivier Querop