
07 Mar [Live report] Sélène Saint-Aimé aux Jeudis du jazz
Le Théâtre Alexandre III de Cannes accueillait, jeudi 3 mars 2022, Sélène Saint-Aimé dans le cadre de ses fameux Jeudis du Jazz. L’occasion de découvrir sur scène cette jeune artiste aux talents multiples que l’on pourrait trop facilement comparer à Esperanza Spalding.
Si les points communs sont nombreux, c’est justement dans cette convergence que leurs différences sont les plus marquantes. En surface (mais quelle surface !), une vague ressemblance, une compositrice de talent, une excellente contrebassiste et une voix d’une richesse incroyable. Mais aussi une volonté de créer son propre univers musical, et là, chacune d’elle développe sa singularité. Chez Sélène Saint-Aimé, qui nous présente son album Mare Undarum, c’est la poésie qui prend forme sous ses compositions musicales. C’est le tambour bélé qui frappe et se frotte aux talons pour accompagner la voix tour à tour cristalline ou grave. Car Sélène Saint-Aimé installe son atmosphère et joue avec le saxophone, le violoncelle et le violon qui l’accompagnent et relèvent ses traits mélodiques.
Elle nous propose un arrangement de Villa-Lobos pour un trio à cordes ou nous parle de la divinité vaudou Ezili qui incarne la beauté et l’amour. Elle reprend deux compositions de Doug Hammond, le batteur au CV conséquent qui vit et enseigne dorénavant en Autriche, et qu’elle avoue appeler régulièrement pour le questionner sur ses compositions qui oscillent elles aussi entre le free-jazz et la scansion poétique. La première, Moves, écrite pour l’album Mingus Moves de Charles Mingus, sorti en 73, et une autre plus contemporaine, Singing Smiles.
Sélène Saint-Aimé nous apparaît artistiquement comme elle se présente physiquement : simplement. Son talent, ses origines, ses goûts et ses passions, elle nous les transmet avec douceur comme un remède apaisant contre un monde de bruit et d’ignorance.


photos : Sélène Saint-Aimé à Cannes, 3 mars 2022 © Franck delasoul