10 Mar La danse urbaine, un regard autre
Pour cette saison pleine et entière, il flotte dans l’air du Théâtre de Grasse comme un besoin de proposer de la nouveauté, de rassembler le public autour d’événements qui vont le faire vibrer. Avec l’arrivée du printemps, débarque le Hip Hop Dance Festival qui fera les beaux jours de la cité des parfums.
Du 20 mars au 13 avril, vont s’enchaîner des spectacles qui permettront de se confronter aux multiples facettes d’une danse qui depuis le début des années 80 n’a cessé d’évoluer, mais aussi des battles avec l’événement Free-steps, projet de Karim Jabari, fondateur de la compétition Break The Floor, ou encore un bal métissé, une soirée open mic…
Partant d’un vocabulaire physique extrêmement athlétique, la danse urbaine a su développer une belle diversité, se fondant dans la danse contemporaine, explorant des univers tantôt poétiques, tantôt politiques, et parfois, simplement ludiques. Cette forme de danse se veut le reflet d’une époque, le témoignage artistique d’une génération qui a su s’inscrire dans l’histoire grâce à un langage différent et une pensée nouvelle.
Hervé Koubi est l’un des chorégraphes qui symbolisent cette créativité, brisant les frontières entre les disciplines, mais aussi entre les humains. C’est dans les rues d’Algérie, alors qu’il était parti à la recherche de ses origines, qu’il a découvert des danseurs d’une fougue d’une vitalité exceptionnelles. À leur côté, s’écrit une aventure qui les conduit autour du monde en donnant naissance à un style unique et fascinant. Si la formation de Koubi répond plutôt aux critères de la danse contemporaine, ses rencontres le mèneront davantage vers l’exploration d’une danse urbaine, lui permettant ainsi de s’emparer de ces différentes techniques pour en explorer la porosité afin d’en faire jaillir une nouvelle matière artistique. Hervé Koubi a trouvé auprès du Théâtre de Grasse un lieu de soutien à sa création puisqu’il y est désormais artiste associé jusqu’en 2024. Dans le cadre du Hip Hop Dance Festival, il présentera sa nouvelle création : Hippocampe(s).
À la tête de la Cie Accrorap, Kader Attou est quant à lui, incontestablement, une figure marquante des premières heures du Hip Hop en France. Pourtant, il a aussi fait évoluer progressivement ses créations vers les terrains de la mixité des genres au gré de ses voyages, de ses rencontres, de ses découvertes. Avec Les Autres, il livre une féerie poétique surprenante portée par un groupe de musiciens d’instruments rares (orgue de cristal, thérémine…), qui développe une atmosphère propice à l’envol de l’esprit, loin de la vision habituelle du spectacle de Hip Hop.
Une pièce tout en douceur qui contraste avec Atterrir, la dernière création d’Aurélie Leroux – en compagnie de la danseuse Léonie Mbaki – qui a choisi d’utiliser le krump, danse urbaine apparue dans les ghettos de Los Angeles, permettant ainsi à une jeunesse désœuvrée d’exprimer par le mouvement ce qu’elle ne parvient pas à verbaliser.
Enfin, la pièce Des-Unis de la Cie Bakhus offrira une vision du Hip Hop tel que l’on aime à le voir : dynamique et enjoué, mais empreint d’esthétisme. Elle nous conte l’aventure d’un groupe de danseurs qui clament la force du mouvement les rassemblant, au-delà de la diversité de leurs individualités multiples…
20 mars au 13 avr, Théâtre de Grasse. Rens: theatredegrasse.com
photo : Hippocampe(s) © Nathalie Sternalski