13 Mar Ambition dévorante
L’Opéra de Nice donne en cette fin du mois de mars une nouvelle production de Phaéton de Jean-Baptiste Lully dans une mise en scène du chorégraphe de la Cie Humaine, Éric Oberdorff, et le spécialiste du répertoire baroque, Jérôme Corréas, à la direction de l’Orchestre Philharmonique de Nice.
Le livret de Philippe Quinault, inspiré d’Ovide, raconte le sort tragique de Phaéton, fils du Soleil, souhaitant par vanité conduire le char de son père et ayant, par sa maladresse, déclenché de terribles incendies sur Terre, avant de mourir foudroyé par Jupiter. À cette trame s’entrelacent d’autres actions et tensions : familiales (Clymène, la mère de Phaéton est partagée entre son désir de voir son fils sortir glorieux d’une épreuve surhumaine et sa crainte de le perdre), sentimentales (l’amour de Théone et Phaéton est mis à mal par la possible union de ce dernier avec Libye, mariage qui permettrait au fils du Soleil d’accéder au trône d’Égypte), ou encore politiques (la rivalité entre Phaéton et Épaphus). Le livret comporte évidemment une dimension fortement allégorique : il est vain et dangereux de vouloir rivaliser avec le (Roi) Soleil, et trop d’arrogance peut conduire un éventuel rival à sa perte.
La recherche de la gloire est la première ambition de Phaéton, qui l’entraînera à conduire le char du soleil et au « trébuchement » final. Très certainement en référence à la chute de Fouquet, dont l’éclat faisait de l’ombre au monarque, l’ouvrage pose aussi la question de la légitimité des héritiers (Phaéton et Épaphus). Evidemment, l’action comporte une scène du sommeil, un oracle, et le cataclysme qui le conclut.
Dans cette tragédie lyrique où l’art lullyste du dialogue atteint des sommets, tout se joue dans les rapports entre amour et pouvoir, avec deux personnages principaux chez qui la soif de gloire se substitue aux autres sentiments humains. Dans une monarchie qui a fait de son souverain « le Roi Soleil », la leçon est claire : le char de l’État ne peut être conduit que par des mains expertes et légitimes.
L’OPÉRA DE NICE FAIT SON FESTIVAL BAROQUE
L’Opéra de Nice célèbre la musique baroque. Autour de la production de Phaéton de Lully, dirigée par Jérôme Correas et mise en scène par Eric Oberdorff, gravite une série d’événements et de spectacles du 21 février au 3 avril : après les Virtuoses baroques au Palais Lascaris le 21 février, on pourra découvrir l’afterwork Aux origines de l’Opéra français le 9 mars, Bach&Co en matinée musicale le 3 avril, et un « face à face » avec les maîtres d’œuvre de Phaéton le 22 mars.
Phaéton : 23 & 25 mars 20h, 27 mars 15h, Opéra de Nice. Rens : opera-nice.org
photo : Jérôme Correas © DR