
15 Mar Wozzeck le Fou
L’Opéra de Monte-Carlo accueille une version onirique du chef-d’œuvre d’Alban Berg, Wozzeck, sur une mise en scène signée Michel Fau.
En 2021, Michel Fau l’acteur, totalement conquis par la représentation de Woyzeck, pièce inachevée de Georg Büchner – mort à 24 ans du typhus, en 1837 –, choisit de se tourner vers la version opéra, créé en 1925 par le compositeur Alban Berg, pour le mettre en scène. Berg le compositeur, avait comme Fau, été enthousiasmé par la représentation théâtrale à laquelle il avait assisté 9 ans plus tôt à Vienne, et décidé d’en faire un opéra. Il le rebaptise : Wozzeck. La trame s’appuie sur un fait divers tragique survenu en 1921. Un soldat (interprété par Trevor Scheunemann) en proie à des hallucinations et des bouffées délirantes fut condamné, puis quelques années plus tard, exécuté pour avoir poignardé sa maîtresse à mort. La Justice l’avait estimé responsable de ses actes, malgré sa folie. Berg reprend l’histoire, adapte la pièce et la compresse en 3 actes. Wozzeck version opéra, est joué le 14 décembre 1925, à Berlin. Succès immédiat.
Cette œuvre est devenue depuis, l’un des ouvrages phare de l’art lyrique, un pur concentré de drame infiniment multiple dans son approche sociale et mentale, du fait du thème absolument terrifiant pour les humains dans la Cité, la folie. Michel Fau le dit : « Wozzeck est un cas psychotique assez avancé. C’est l’hystérie humaine, mais sublimée. C’est vraiment du théâtre chanté, même si c’est très difficile à chanter. Wozzeck, c’est une tragédie parce que les personnages sont victimes de leur destin. La tragédie, c’est survolté, mais ce n’est pas réaliste, en fait. C’est un concentré des pires choses qui peuvent arriver à un Être humain. Dans Wozzeck, Büchner et Berg nous racontent que le monde est fou. Ils sont tous fous, mais Wozzeck le premier. Il est paranoïaque… Déjà à la base, il y a un gros, gros, dossier… »
Et question folie pure, Michel Fau en connaît un rayon, lui qui eut celle, d’artiste, d’arriver à la Cérémonie des Molières 2011, travesti en cantatrice façon Castafiore déglinguée pour chanter « Y’a quelqu’un qui m’a dit » de Carla Bruni, devant un parterre médusé et devant l’actrice Valeria Bruni-Tedeschi, sœur de l’ancien top-modèle… À voir et à revoir, avant d’aller voir Wozzeck, version Fau.
25 & 29 mars 20h, 27 mars 15h, Opéra de Monte-Carlo, Monaco. Rens: opera.mc
photo : Wozzeck © Mirco Magliocca, Théâtre du Capitole, Toulouse 2021