La Principauté sous un autre regard

La Principauté sous un autre regard

C’est un véritable plongeon dans l’histoire de Monaco que le fonds régional de la Médiathèque de Monaco propose à l’occasion du centenaire de la disparition du Prince Albert 1er. Des affiches, des lithographies, des coupures de presse et des photographies inédites sur la naissance et la pratique du sport seront dévoilées au Quai Antoine 1er, dans l’exposition La belle Epoque sportive : Rayonnement et innovations sous le règne d’Albert 1er. Un Monaco moderne sous l’angle du sport et de l’innovation technologique. Nous avons rencontré Béatrice Novaretti, directrice de la médiathèque de Monaco et initiatrice de cet évènement.

Pourquoi avoir choisi le thème du sport ?

Nous détenons la plus belle collection de presse ancienne sur Monaco, car nous sommes la mémoire des Monégasques. Nous avions envie de mettre en lumière ces archives et photographies, car depuis 2020, nous traitons la thématique du sport à travers des conférences. Nous avons déjà proposé un focus sur Jean Bouin, Susanne Lenglen et les olympiades féminines par exemple. À la fin du 19e siècle, Monaco tout comme la Côte d’Azur, accueillent les hivernants. Ce sont des aristocrates et principalement des Anglais. Ces derniers importent certaines pratiques sportives sur le Rocher. Ainsi pour distraire ces hivernants en dehors de l’opéra ou des ballets, le sport s’est développé en prenant de plus en plus d’importance et d’intérêt auprès des Monégasques.

Qui étaient ces sportifs de la Belle Époque ?

Les sportifs de l’époque s’appelaient des sportsmen. Ils s’inscrivaient davantage dans l’élégance des tenues vestimentaires, la posture ou la noblesse du geste que dans la compétition ou les prouesses sportives. Ces sportsmen recevaient des trophées, véritables œuvres d’art et non de l’argent. Ces hivernants sportifs se retrouvaient grâce à l’agenda qui répertoriait tous les évènements artistiques et compétitions de la Principauté comme l’escrime, le golf, la voile, le tennis, la course de canots, le cyclisme, les courses hippiques, les régates… L’important était d’être vu, car toute l’aristocratie se retrouvait lors ces manifestations. Sous la Belle époque, toutes sortes de disciplines ont été proposées, de la plus populaire comme la boxe à la plus élitiste.

Comment s’est professionnalisé le sport ?

Charles III a créé Monte-Carlo, François et Marie Blanc ont fait prospérer la Principauté et leurs fils, Camille, l’a fait briller au niveau national et international. En 1903 soutenu par le Prince Albert 1er, également sportif, Camille Blanc fonde l’Internationale Sporting Club, organisme chargé d’organiser toutes les compétitions et manifestations sportives. Il y en aura plus d’une dizaine qui se mélangent avec des avancées technologiques. Camille est un sportman et surtout un visionnaire. Il va acquérir des terrains et construire des bâtiments pour le compte de la SBM qu’il administre. Il médiatise les sports pratiqués à Monaco à travers la presse nationale et internationale. La tradition sportive de la Principauté venait de naître ! En 1911, le 1er rallye est organisé. Le 1er prix était donné à la voiture qui arrivait non pas la 1re, mais en bon état. Elle devait être aussi la plus confortable. Beaucoup d’inventeurs venaient essayer leur prototype en Principauté ce qui donnait l’occasion de créer des compétitions. Ainsi, on venait admirer les meetings des hydravions ou les vols d’hélicoptère. Des touristes, des Mondains et les locaux venaient admirer ces spectacles, savoureux mélange de sport et de prouesses techniques. Les compétitions partaient de Monaco ou arrivaient à Monaco. Elles s’effectuaient dans toute la France, mais aussi à l’international.

Avez-vous des anecdotes à nous raconter ?

Lors de la compétition du tir aux pigeons, les volatiles retombaient souvent dans la mer et les Monégasques les récupéraient depuis leur barque pour les manger ou les vendre. Le concours de chiens était considéré comme une pratique sportive avec la présentation des tout premiers chiens policiers. Un dirigeable s’est écrasé sur la façade du musée océanographique. En 1905, le Prince Albert 1er, rare souverain féru de sport, a dû s’arrêter en pleine une course à motocyclette, car il s’est fait renverser par un chien. Il y en a plein à découvrir…

Avez-vous déniché de pépites ?

Oui, nous avons une photo de Guillaume Apollinaire enfant qui vivait à Monaco. Nous ignorions qui était ce jeune garçon sur le cliché lorsque notre fonds se l’est approprié. Madame Camille Du Gast, 1e femme pilote et Suzanne Lenglen, 1ere femme joueuse de tennis, ont été immortalisées dans la presse locale. Nous exposons le maillot du coureur Jean Bouin également.

15 mars au 10 avril, Salle d’exposition du Quai Antoine 1er, Monaco. Rens: mediatheque.mc

photo : Vue de l’exposition La belle Epoque sportive © Principauté de Monaco)