
29 Mar La poésie du dessin
Designer, plasticien et scénographe, Pierre Charpin nous livre son processus créatif dans la conception d’objets avec sa collection de dessins de dessins. Jusqu’au 30 Avril, l’exposition La Part du Dessin vous attend à l’Hôtel des Arts TPM de Toulon, dans le cadre de la programmation hors murs de la Villa Noailles.
Alors que nous sommes régulièrement habitués à voir les mobiliers et objets de sa conception, ici, l’angle est tout autre. Pierre Charpin choisit de nous faire partager sa facette la plus poétique, celle qu’il admet l’exprimer le mieux dans ses dessins. Au-delà de simples croquis, les dessins sont pour l’artiste la part de fragilité que l’on peut retrouver dans ses œuvres. Ils sont des entités à part entière en lien direct avec ses intuitions, souvent plus que ses œuvres finales. Ceci s’explique en partie par la relation intime qu’il a développée depuis son plus jeune âge avec le dessin. Entouré par l’art, il dessine d’abord petit sans prendre conscience de ses gestes, avant de se réapproprier la pratique. Il la décrit comme immédiate, intuitive, et naturelle, la manière la plus instinctive de créer l’invisible.
Dessiner pour Pierre Charpin n’a jamais été simplement une étape dans le processus de production de l’objet, mais une pratique à part entière. C’est pour cela que depuis quelques années le corpus de son travail s’intègre à côté des croquis d’objets, finalisés à la production, des Dessins de dessins. Séparés de toute autre production artistique, ils sont devenus la spécialité du designer, sa signature. Ils incarnent et projettent sa vision du dessin, n’ayant autre but que leur existence. Souvent en grand format et en série de trois ou quatre, ils crient la spontanéité. Tantôt mine de plomb grise sur papier, tantôt feutres colorés, les médiums choisis complètent la variété des motifs créés. Lignes, arabesques, rubans, vecteurs, on redécouvre les formes d’une même famille par l’unique truchement de leur subtilité.
L’histoire de ces dessins de dessins, c’est aussi son atelier : le seul lieu où ses idées prennent forme. Leur production obéit toujours à une condition sine qua non : ressentir une tension, une inspiration qui s’inscrit comme par force sur la feuille. En aucun cas, il ne serait possible de les produire dans un autre but que leur essence, ou pire, de les produire à la chaîne.
La mise en regard de travaux originaux, de réalisations in situ et de dessins inédits spécialement conçus pour l’occasion, donne à (re)découvrir sous un éclairage artistique et intimiste l’œuvre « cachée » de ce designer. Inédite, cette exposition est intime, et livre la délicatesse pure de tous les objets, même les plus robustes. Un crayon et une surface de papier disent bien des choses lorsqu’ils sont le support d’une simplicité déconcertante.
Jusqu’au 30 avr, Hôtel des Arts TPM, Toulon. Rens: hda-tpm.fr & villanoailles.com
photo : Vue de l’exposition de Pierre Charpin, Hotel des Arts TPM © Luc Bertrand