La méditerranée dansée

La méditerranée dansée

Après avoir proposé au public de voir « l’envers du décor » lors d’ateliers chorégraphiques en février, en ce printemps 2022, le Ballet Nice Méditerranée fait son retour sur la scène de l’Opéra avec trois prestigieuses pièces de son répertoire.

Avec un tel nom, le Ballet Nice Méditerranée ne pouvait faire autrement que redonner ses lettres de noblesse au terme métissage. Et s’il est bien une danse qui illustre cette notion, c’est le tango. « Une rythmique afro, des musiciens italiens jouant sur des instruments allemands des mélodies d’Europe de l’Est, avec des paroles qui viennent des zarzuelas espagnoles« … Ces quelques mots sur les origines du Tango sont de l’ethnomusicologue français Michel Plisson. À Nice, en avril, c’est un chorégraphe néerlandais Hans van Manen qui présentera 5 Tangos, ouvrage pour 7 couples, créés en 1977, sans aucun doute son chef-d’œuvre, le plus joué à travers le monde et qui fait partie du « répertoire de fer » des plus grands ensembles de ballet. Il s’agit-là d’une rencontre au sommet entre la danse classique et la musique du maître argentin Astor Piazzola. C’est incisif, précis, dans un mélange de gravité adouci par une fantaisie tout en latinité, qui élève cette danse née dans les bas-quartiers argentins au rang d’art entre vie et mort.

Mort, qui du reste est partie intégrante du vocabulaire de Nacho Duato, danseur ibérique bien connu pour son élégance, sa musicalité, la charge lyrique qu’il répand, et que l’on retrouve régulièrement au programme du ballet azuréen. Il présentera, en ce printemps, deux œuvres qui sont, « comme toujours chez ce grand explorateur de cultures, la garantie d’un dépaysement de toute beauté« , estime Eric Vu-An, directeur-chorégraphe du Ballet Nice Méditerranée. Tout d’abord, Por vos Muero (Pour toi je meurs), un ballet lumineux et poignant qui évoque à la fois le bonheur d’exister, mais aussi la résignation face aux derniers instants de vie. Car dans certains pays, quelle que soit la classe sociale, des places de village aux grands palais, la danse s’invite dans toutes les circonstances de l’existence, heureuses comme macabres… Duato s’est ici inspiré de la musique espagnole des XV et XVIe siècles et des vers du célèbre poète de Tolède, Garcilaso de la Vega.

Puis, le public pourra apprécier un petit bijou de rythme et de sensualité fiévreuse qui oscille entre moderne et contemporain. Avec Gnawa, Nacho Duato entraine le public de l’Espagne au Maghreb pour offrir une expérience envoûtante sur laquelle souffle le vent du Sud. Un vent qui fera trembler les flammes des bougies installées sur le devant de la scène, tandis que sur le plateau baigné dans une obscurité prometteuse, les danseurs exécuteront leurs figures, exaltés par les musiques hypnotiques évoquant nos rivages méditerranéens…

15 au 21 avr, Opéra de Nice. Rens: opera-nice.org

photo : Por vos muero © Dominique Jaussein