Votez Monsieur Jourdain !

Votez Monsieur Jourdain !

Cette année — impossible d’y couper— est celle qui marque le 400e anniversaire de la naissance de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière. Auteur le plus connu, le plus étudié et le plus apprécié, dans tous les collèges de France et de Navarre.

Oui, J-B. P. est un vrai « populaire » dans les cours de récré et d’une génération à l’autre, les enfants se marrent et, devenus adultes, emmènent leurs enfants qui, à leur tour, se marrent devant Les Fourberies de Scapin, L’Avare ou Le Bourgeois Gentilhomme. C’est justement cette dernière pièce (ça tombe à pic avec l’actualité !) que le Collectif La Machine a décidé de reprendre en imaginant notre Monsieur Jourdain national… dans la peau d’un candidat à des élections ! Meetings électoraux, au théâtre Anthéa, de fin avril à la mi-mai.

Écrite en 1670, cette comédie-ballet reste totalement en phase avec notre époque, car il y est déjà question de la condition des femmes et d’élévation par la culture. Rappel : Le Bourgeois Gentilhomme, ou l’histoire d’un bourgeois friqué subitement envahi par la folie des grandeurs. Monsieur Jourdain, en bon père de famille qu’il pense être – des rêves de noblesse plein la tête – veut caser ses filles avec des gentilshommes 100 % pur Label, et, de son côté, travaille à maquiller sa carrosserie de riche commerçant en prenant des cours d’armes, de danse, de musique, de philosophie avec une armada de professeurs qui se moquent de ses ambitions hors sol, entretiennent ses rêves de transfuge de classe pendant que lui les entretient grassement.

Le metteur en scène et acteur Félicien Chauveau signe sa 5e coproduction avec le théâtre antibois, mais surtout sa première incursion dans l’œuvre de Molière, sur proposition de Daniel Benoin, directeur d’Anthéa. Dans sa version, les profs sont des coaches qui rament pour lui inculquer l’art du discours et de tenir les foules et Jourdain claque toujours autant. La bourgeoisie déteste que l’on jette son argent par les fenêtres. Réaction familiale groupée. On lui monte une grosse embrouille, lui fait croire qu’il pourrait bien être élu, que l’ambassadeur de Turquie demande à être reçu… Jourdain est un indécrottable naïf, enfoncé dans des illusions tellement planantes pour son ego qu’elles le coupent de la réalité. Même quand tout lui éclate à la face. Mais nous sommes dans une comédie de Molière, tout finira bien… Parole au Maître : « Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j’ai cru que, dans l’emploi où je me trouve, je n’avais rien de mieux à faire que d’attaquer par des peintures ridicules les vices de mon siècle. »

27 avr au 13 mai, Anthéa, Antibes. Rens: anthea-antibes.fr

photo : Le Bourgeois Gentilhomme © Collectif La Machine