29 Avr Fée des herbes
Tel un photographe qui manipule la lumière, Marinette Cueco manipule les végétaux. L’artiste qui développe une œuvre singulière, entre Arte Povera et Land Art, expose son travail à Six-Fours, jusqu’au 26 juin 2022.
« L’infime n’est pas l’infâme« , écrivait Francis Ponge dans Le Parti pris des choses, afin de rendre justice au grain de sable, à l’écorce d’orange, aux brindilles que l’on foule sans y prêter attention. Marinette Cueco, pionnière de l’eco-art et veuve du peintre Henri Cueco, artiste de la figuration narrative, ramasse, plante et récolte des végétaux divers et variés. Elle s’attache à tous les types de matériaux possibles que produit la nature, avec une prédilection pour les matières « pauvres », celles que l’on néglige, les rameaux ou mauvaises herbes. C’est pourquoi la Maison du Cygne – Centre d’art et Jardin Remarquable de Six-Fours honore l’œuvre de la « fée des herbes » à travers une exposition champêtre et bucolique.
« On ne voit pas, on ne sait pas voir« , dit l’artiste en évoquant les pétales fanés, les feuilles brûlées, les brindilles, les racines, les écorces, les micas flamboyants. Le parcours de l’exposition est celui d’une promenade dans un jardin imaginaire, la nature étant le lieu favori de Marinette Cueco. Nature que nous avons tendance à oublier dans nos sociétés bétonnées et urbanisées, et qu’elle met au service de l’art. On remarque les diverses et particulières textures des œuvres, formées par accident, par la répétition du geste qui lie mais ne domine pas les végétaux, même ceux cassants, friables, rigides ou souples. L’artiste propose une « impression concrète » de la nature, convoquant autant l’odorat que la vision. Elle n’en oublie pas pour autant la distance séparant artificiel et naturel, et ne cherche pas à gommer le contraste entre ces modes d’existence éloignés. Sa démarche est celle de l’inscription d’une trace personnelle dans le paysage, ou encore la fabrication d’un objet grâce à ce qu’elle a cueilli, innocemment.
Les créations de Marinette Cueco ont chacune un caractère particulier, une signification propre, et se fondent en un ensemble harmonieux. En quelque sorte, une métaphore de la nature, dont la beauté est homogène, mais qui requiert la coexistence de différents éléments.
Jusqu’au 26 juin 2022, Maison du Cygne – Centre d’art et Jardin Remarquable, Six-Fours. Rens: jardincygne.ville-six-fours.fr
photo : Vue de l’exposition © Ville de Six-Fours