Nice Jazz Festival voit double

Nice Jazz Festival voit double

Après deux éditions tronquées en raison de la situation sanitaire, durant lesquelles le Nice Jazz Festival s’était réinventé en exploitant successivement et exclusivement le Théâtre de Verdure en 2020, puis la scène Masséna en 2021, l’événement azuréen retrouve une configuration « classique », et va refaire vivre les deux scènes en parallèle, du 15 au 19 juillet 2022. Le tout avec une programmation de très grande qualité.

Deux scènes pour deux univers différents, deux publics qui pour certains ne se déplaceront pas d’une scène à l’autre. Mais une fidélité qui n’est plus à démontrer… D’un côté, l’historique Théâtre de Verdure, lieu magnifique chargé d’histoire, bénéficiant de places assises et construit à la façon d’un amphithéâtre : une bonne visibilité où que l’on soit, même assis, et une acoustique agréable. Malgré une jauge réduite. De l’autre, la scène Masséna, certes massive et plus impersonnelle, néanmoins seule à pouvoir accueillir 6500 personnes ! Une cohabitation essentielle et assumée dans sa programmation où l’on retrouve le plus souvent les artistes estampillés « jazz » au Verdure, et ceux des musiques cousines, parfois éloignées, du côté de Masséna, si l’on excepte cette année les musiciens Ibrahim Maalouf et Marcus Miller qui ont tous deux largement dépassé le cadre du public 100% jazz depuis bien longtemps.

Je me dois de le reconnaitre, je serai pour ma part, plus souvent du côté du Théâtre de Verdure pour apprécier un confort certain et une plus grande proximité avec les artistes. On pourra y découvrir le pianiste sud-africain Nduduzo Makhathini pour un moment de spiritual jazz, suivi d’Émile Parisien qui vient d’enregistrer son dernier album avec un beau casting de musiciens américains, dont Theo Croker que l’on aura le plaisir de voir avec lui. Déjà quatre albums intéressants à son actif dont le dernier Blk2life A Futur Past et sa sublime pochette de Tokio Aoyamas. Theo Croker est un trompettiste à suivre. Tout comme Samy Thiébault et son projet Awé ! empreint de créolité. Quant à Kenny Barron, inutile de préciser qu’il faut absolument profiter de chacun des passages de l’ex-pianiste d’un certain Dizzy Gillespie. J’ai hâte de découvrir le trio de Gerarld Clayton, tout comme d’entendre – et voir – Melody Gardot, et suis tout autant impatient de souhaiter un bon anniversaire discographique à Michel Portal et son MP85.

Cependant, durant ces 5 jours, je délaisserai parfois le chaleureux théâtre pour la scène Masséna qui propose certaines affiches à ne pas manquer ! Je pense notamment à l’ouverture avec Lady Blackbird, qui a fasciné beaucoup de monde avec son premier album Black Acid Soul, mais aussi à Curtis Harding qui suivra la chanteuse américaine le même jour, avant qu’Ibrahim Maalouf ne clôture la soirée avec son projet Capacity to Love. The Brooks ? Je suis prêt à parier que tous ceux qui seront présents s’en souviendront… Ce groupe qui nous arrive du Canada, et qui vient de sortir son dernier album Any Day Now sur l’excellent label Underdog Records, est une machine à groove certifiée. Même son de cloche le lendemain pour Hypnotic Brass Ensemble et sa fanfare funk d’une redoutable efficacité. Enfin, bien que je sois curieux de découvrir H.E.R., je ne manquerai certainement pas d’aller saluer Marcus Miller, pour son retour à Nice, et Iggy Pop qui se frotte au jazz avec un joli casting de musiciens. À l’image du Nice Jazz Festival, ce diable d’iguane me surprendra toujours…

15 au 19 juil 2022, Théâtre de Verdure & Place Masséna, Nice. Rens: nicejazzfestival.fr

photo : Melody Gardot © DR