07 Mai Visions sociales : cinéma engagé… et exigeant
Un festival qui parle du cinéma autrement… Visions Sociales revient avec une programmation éclectique, étonnante et atypique, pour une 20e édition qui se déroulera du 21 au 28 mai 2022, au Château des Mineurs à Mandelieu.
Si l’on considère avec quelque équanimité le bilan social du gouvernement Jospin (1997-2002), il est loisible d’estimer que la mesure sociale la plus audacieuse y aura été la Palme d’Or attribuée, lors du Festival de Cannes 1999, à Rosetta, film des frères Dardenne. Comment ? Il n’y était pour rien ?
Cette innocente plaisanterie illustre admirablement la confusion des genres et des registres, manifestée par le cinéma dit « engagé » qui n’est parfois, au reste, que grossièrement militant. Le risque, souvent avéré malheureusement, étant d’y ajouter à l’inefficacité politique d’un film le manichéisme démonstratif et plobant des moines-soldats des justes causes. Un cinéma de colleur d’affiches, nul n’en a besoin ni même envie, pas même ceux qui sont sur l’affiche.
À cette relecture sévère, bien que non dépourvue d’arguments ni surtout d’exemples, hélas, le festival Visions sociales qui se déroule à Mandelieu-la-Napoule, du 22 au 28mai–ilyaunpetittrucàCannesaumêmemoment ! –, y répond avec une exigence cinéphilique qui disqualifie ce type d’objections. Les virtualités propres au 7e Art n’y sont pas, et c’est heureux, ensevelies sous la prédication idéologique.
La programmation de l’édition 2022 souligne cette volonté de qualité, d’exigence, d’amplitude, d’ambition, bref de cinéma : 22 longs métrages, 12 courts métrages, des fictions et des documentaires provenant de France, bien sûr, mais aussi de Bosnie, de Palestine, d’Italie, du Brésil, d’Espagne, de Bolivie, d’Israël, de Norvège…
Il est incontestablement difficile, certainement injuste, et probablement inutile de ne retenir que deux films au sein de cette vaste constellation éclectique, riche et diversifiée, mais c’est la loi du genre – nos pages ne sont malheureusement pas extensibles. Piccolo corpo, de Laura Samani, sera présenté le jeudi 26 mai à 10h30 : ce joli film délicat et touchant narre la quête héroïque et désespérée d’une jeune mère éplorée pour baptiser, à revers des normes et des traditions de l’époque, son enfant mort-né. Marcher sur l’eau est un documentaire de l’actrice Aïssa Maïga, par ailleurs marraine du festival, qui sera projeté le samedi 21 mai à 21 h : il s’agit d’un documentaire poignant tourné au Niger, où l’accès à l’eau est une question vitale, qui prévaut sur toutes les autres. Cet engagement-là, du moins, n’est pas un vain mot.
22 au 28 mai 2022, Château des Mineurs – Domaine d’Agecroft, Mandelieu. Rens: nosoffres.ccas.fr/visions-sociales
photo : Piccolo Corpo © Arizona Distribution